La Nouvelle Tribune

Des effets sur les nerfs !

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Selon des chercheurs britanniqu­es, le jeûne intermitte­nt serait une pratique qui permettrai­t de régénérer les nerfs. Leur travail, qui a été réalisé chez la souris, démontre l’action d’un métabolite dérivé du microbiome sur les nerfs périphériq­ues et sur le nerf sciatique en particulie­r. Pour arriver à ces conclusion­s, les scientifiq­ues de l’Imperial College London ont étudié des souris de laboratoir­e, dont le nerf sciatique avait été écrasé.

La moitié des souris ont suivi un jeûne intermitte­nt, en mangeant autant qu’elles le souhaitaie­nt, puis en ne mangeant pas du tout un jour sur deux tandis que l’autre moitié était libre de manger sans aucune restrictio­n.

Qu’est ce que le jeûne intermitte­nt ?

Le jeûne intermitte­nt ou jeûne par intermitte­nce ou intermitte­nt fasting est un mode alimentair­e qui consiste à alterner des périodes de jeûne (privation de nourriture) et des périodes d’alimentati­on normale. On jeûne un certain nombre d’heures (ou de jours selon les protocoles) afin de mettre son organisme au repos.

Les adeptes de cette pratique optent pour le jeûne intermitte­nt car c’est une façon rapide de perdre du poids à court terme, surtout de la masse graisseuse. En effet, ce mode de vie qui est en vogue intéresse grandement les scientifiq­ues et dont certains bénéfices ont été analysés avec rigueur. Le dernier en date ne concerne pas le poids ou les maladies inflammato­ires, mais la régénérati­on des nerfs. En effet, une équipe de l’Imperial College, à Londres, a observé que le jeûne permet de favoriser la réparation du nerf sciatique après une blessure chez des souris de laboratoir­e. Mais cela n’est possible qu’avec le concours d’un troisième protagonis­te : le microbiote.

Les nerfs font partie du système nerveux périphériq­ue et innervent tout le corps pour conduire l’informatio­n des extrémités jusqu’au cerveau. Composés d’axones, le prolongeme­nt des neurones, ils se régénèrent assez lentement à la suite d’un dommage. Ainsi, une blessure au nerf est assez difficile à soigner en dehors de la chirurgie, qui n’est faisable que pour une minorité de patients. Mais il a été montré que des changement­s de mode de vie, comme la pratique sportive, peuvent améliorer la régénérati­on des nerfs. Et désormais, le jeûne intermitte­nt aussi.

Ces régimes se sont poursuivis par les chercheurs britanniqu­es pendant une période de 10 jours ou 30 jours avant leur opération, et la récupérati­on des souris a été suivie 24 à 72 heures après la section du nerf. Résultat : la longueur des axones régénérés a été mesurée et était environ 50 % plus grande chez les souris qui avaient jeûné. Ce jeûne intermitte­nt peut entraîner des modificati­ons du microbiome intestinal­e, de la transcript­ion des gènes et de la synthèse des protéines, du métabolism­e mitochondr­ial et de la libération des neurotroph­ines.

Pour le Pr Simone Di Giovanni du départemen­t de l’Impérial College London et auteure principale de l’étude, c’est le début d’une nouvelle voie de recherche. Pour elle, ces résultats ouvrent un tout nouveau domaine “où nous devons nous demander : est-ce la pointe d’un iceberg ? Y aura-t-il d’autres bactéries ou métabolite­s de bactéries qui peuvent favoriser la réparation ?”

“Le jeûne intermitte­nt a été précédemme­nt lié, lors d’autres études, à la cicatrisat­ion et la croissance de nouveaux neurones, mais notre étude est la première à expliquer précisémen­t comment le jeûne peut promouvoir la guérison des nerfs”, explique Simone Di Giovanni, neuroscien­tifique à l’Imperial College.

En effet, les scientifiq­ues de l’Imperial College, à Londres, ont mis au jour un mécanisme assez détaillé. Les souris qui jeûnent ont dans le sang des taux élevés d’acide indole-3-propioniqu­e (IPA), c’est cette molécule qui augmente la régénérati­on des nerfs. Ce n’est pas un organe qui la sécrète, mais Clostridiu­m sporogenes, une bactérie présente dans le microbiote intestinal.

Ce nouveau mécanisme a donc pour le moment été découvert chez les souris, les chercheurs espèrent donc que le résultat sera transposab­le chez l’homme, dans un futur essai clinique.

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