Le secteur bancaire résilient, malgré un niveau du risque toujours élevé
Ce lundi 25 juillet, Mme Hiba Zahoui, Directrice de la supervision bancaire à Bank Al-Maghrib, a reçu la presse pour présenter le bilan des activités de l’institution en matière de supervision bancaire. Les principales conclusions de ce 18ème rapport annuel sont un rebond de l’économie marocaine et une résilience du secteur bancaire. En effet, selon la banque centrale, au cours de cette 2ème année de pandémie, les progrès en matière de vaccination et le maintien des stimulus budgétaire et monétaire déployés depuis le déclenchement de la crise sanitaire, conjugués aux bons résultats de la campagne agricole de l’année dernière, ont favorisé un mouvement de reprise de l’économie marocaine. De même, selon BAM, le secteur bancaire s’est montré résilient et a assuré le financement des agents économiques grâce aux mesures d’appui public sous forme de prêts garantis par l’Etat. Toutefois, tous les indicateurs ne sont pas revenus à leurs niveaux habituels, loin de là, et les fortes incertitudes en ce qui concerne la conjoncture internationale ne permettent pas à BAM d’avoir des projections fiables quant à un retour total à la « normale ».
Une concentration moindre
Concernant la structure du secteur bancaire, BAM relève que le niveau de concentration de l’activité a poursuivi le trend baissier enclenché ces dernières années. Dans le détail, la part des trois premières banques dans le totalactif du secteur s’est établie à 62,4%, contre 62,9% et celle des cinq plus grandes banques s’est située à 76,8% contre 77,6% en 2020. Sur le plan des dépôts, les trois premières banques ont disposé près de 63,4% des dépôts collectés contre 63,7% une année plus tôt et les cinq premières détenaient une part de 78,5% contre 78,6%. S’agissant du crédit, les trois premières banques ont concentré 60,7% des crédits distribués, contre 61,5% en 2020 et les cinq plus grandes ont représenté 78,4% des financements contre 79,3%. On relèvera également que la part des banques à capital privé marocain et étranger ont légèrement baissé au profit du public, autour de 1%.
Point positif pour le développement du secteur, « une part importante des transactions usuelles ont migré vers les canaux digitaux », explique Mme Zahoui, ce qui mène à la « fusion d’agences géographiquement proches », et donc à un peu plus d’une centaine d’agences qui ont fermé leurs portes, cette année passée.
La croissance du crédit bancaire au secteur non financier s’est établie à 3%, tirée par le financement des besoins de trésorerie des entreprises. On remarquera toutefois sur ce point que les crédits à l’équipement sont toujours dans une tendance baissière, car « les entreprises ne sont toujours pas dans une posture d’investissement », précise Mme Zahoui. Au terme de cette année, la progression des créances en souffrance s’est quelque peu atténuée, ramenant le taux de sinistralité à 8,5%. Parallèlement, le ratio de solvabilité moyen des banques s’est établi à 15,8% pour un minimum réglementaire de 12%.
Retour partiel aux niveaux de 2019
Au niveau du résultat net cumulé, il a progressé cette année de 76,4% à 12,1 MMDH, après une année 2020 marquée par la pandémie et les dons au fonds spécial. Il reste toutefois encore inférieur à 2019 (14,3 MMDH). Même constat pour le coût du risque, qui a baissé de 21% à 16,2 MMDH mais qui est encore deux fois supérieur à celui de 2019. On notera que la distribution du RNPG entre le Maroc, l’Afrique et le reste du monde a nettement évolué depuis le début de la pandémie. Les pays de l’Afrique subsaharienne ayant été moins touchés par les mesures sanitaires, la part des filiales y évoluant est passée de 23% en 2019, à 42% en 2020 avant de revenir à 35% en 2021, à l’inverse de la part marocaine. Toutefois, Mme Zahoui et BAM estiment que ces proportions devraient petit à petit retrouver leur niveau d’avant-crise ces prochaines années. Enfin, le compartiment des banques participatives, bien qu’encore jeune, a lui aussi fait preuve de résilience au plan de son activité, de ses résultats et de la qualité de ses actifs. Cet écosystème devrait connaître une nouvelle impulsion grâce au lancement des produits d’assurance Takaful, estime BAM. Toutefois, comme l’avait relevé le Wali M. Jouahri lors de son dernier point de presse, les résultats restent en deçà des attentes, et une enquête est en cours avec le secteur pour trouver des solutions à ce phénomène, la gouvernance étant notamment pointée du doigt.