L’inflation importée est-elle seule responsable de la flambée des prix au Maroc ?
La cherté de la vie est un phénomène qui caractérise l’année 2022 et qui a touché tous les pays du monde, y compris notre pays. S’agissant des raisons, plusieurs analystes ainsi que des responsables locaux avancent que la cause, est la flambée des cours à l’échelon international. Pour eux, toutes ces hausses sont dues à une inflation importée. S’agissant du cas de notre pays, • Est-ce que c’est vrai ? • Est-ce qu’il y a d’autres facteurs qui amplifient davantage ces hausses ou encore poussent certains vendeurs à profiter de la situation pour augmenter leurs prix ? • Est-ce que les mesures prises par les pouvoirs publics ont abouti à cerner ce phénomène ou à réduire de son impact, dans un contexte caractérisé par le gel des revenus et la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens ? Certes, personne ne conteste l’impact de la guerre en Ukraine sur les économies tant au niveau des produits énergétiques que des produits de de base (céréales et oléagineux). De ce fait, il est permis d’avancer que les hausses des prix sont dues à l’inflation importée. Toutefois, il existe d’autres problèmes que les différents gouvernements n’ont jamais pu résoudre. Des disfonctionnements qui ont toujours favorisé les hausses des prix et qui ont amplifié la pression sur le pouvoir d’achat. Et pour réduire des effets de l’inflation, il existe un certain nombre de mécanismes à mettre en oeuvre dont, entre autres :
• La politique monétaire ; • La longueur des circuits de distribution et la pléthore des intermédiaires qui caractérisent tous les circuits de commercialisation des productions agricoles, particulièrement les fruits et légumes. • Le mode de gestion des marchés de gros des fruits et légumes.
•Le renforcement de l’expérience de l’agrégation concernant certaines filières. S’agissant de la politique monétaire, son l’objectif (entre autres) est d’assurer une bonne croissance de nature à favoriser l’augmentation des revenus et par conséquent l’épargne, l’investissement et l’emploi et également de contenir l’inflation, etc.
Dans ce cadre, Bank AlMaghrib en décidant le maintien du taux directeur à son niveau, à savoir 1,5% a pris une décision encourageante et est salutaire. D’ailleurs c’est grâce à cette politique que le taux d’inflation est resté à un niveau relativement bas comparativement à des pays plus développés que le Maroc et ayant une économie plus solide[1]. Toutefois, la politique monétaire à elle seule, n’est pas suffisante et ne peut freiner pour longtemps la tendance haussière des prix et partant l’inflation. Il faudrait que le gouvernement mette en oeuvre d’autres mécanismes pour appuyer les actions de Bank Al Maghrib.
En qui concerne la pléthore des intermédiaires, tout le monde s’accorde à dire que le circuit de distribution des fruits et légumes est entaché de nombreux disfonctionnements. D’ailleurs, Rachid Talbi Alami, alors Ministre chargé des affaires générales et économiques en 2007[2], a considéré le circuit de distribution des fruits et légumes comme «archaïque qui ne répond plus aux attentes de la société marocaine», relevait l’hebdomadaire La Vie eco (cité en référence en bas). Cette publication a rapporté que les prix passent du simple au double, voire au triple entre le producteur et le consommateur. Chaque intermédiaire empoche une marge de 30 à 50% et la marchandise supporte en outre, une taxe pour la commune.
Les producteurs et les consommateurs n’ont pas cessé de se plaindre de ce phénomène qui ne profite qu’aux intermédiaires. D’ailleurs, les différents gouvernements étaient conscient de ce problème et n’ont pas manqué de lancer des études, à même de permettre de dégager des pistes pour mettre un terme à ce phénomène ou au moins réduire de son impact. Malheureusement, tous les efforts déployés n’ont donné aucun résultat. Ces intermédiaires qui généralement ne paient pas d’impôt malgré leur chiffre d’affaires très important, ont toujours leur mot à dire et notamment vis-à-vis des petits producteurs ou ceux qui rencontrent des difficultés à accéder au marché, ou qui sont dépourvus d’expérience en matière de vente.
Pour ce qui est des marchés de gros, personne ne conteste le fait qu’ils jouent un rôle très important dans l’approvisionnement régulier des villes, en fruits et légumes et constituent une des composantes principales du dynamisme de l’économie des régions. Ces plates-formes de commercialisation, au nombre de 38 au niveau national[3], font l’objet de plusieurs actions concernant la mise à niveau des infrastructures ou voire leur délocalisation en construisant de nouveaux marchés. D’ailleurs, et comme l’a annoncé le Ministre de