Enfin la bonne rentrée pour l’école publique ?
C’est donc la rentrée, politique, économique mais surtout scolaire pour des millions d’enfants et de parents, cette semaine. Et, cette année encore, la même sempiternelle ritournelle pour tous, les prix sont en hausse, des frais de scolarité aux fournitures scolaires, les parents sont à bout et on se demande comment les enfants sont motivés et gardent le sourire dans ce contexte.
Comme dans beaucoup de domaines au Maroc, le secteur de l’éducation est en proie à un défaitisme continu, dont la cause se trouve dans la perte de confiance des Marocains dans des politiques publiques qui ont cumulé autant d’annonces que d’échecs au fil des ans et des législatures successives. Les clivages continuent de se creuser entre l’école publique et l’école privée, les institutions des missions étrangères et le système marocain, dans un brouhaha général qui contribue au statuquo.
C’est dire les espoirs et les attentes, mais aussi la pression, qui pèsent sur le ministère de tutelle du Gouvernement en place et le ministre Chakib Benmoussa a présenté des nouveautés pour cette rentrée qui constituent les premiers jalons de la grande réforme de l’école publique. Concrètement, les mesures prévoient notamment le renforcement qualitatif du modèle du préscolaire, l’intégration de trois rituels quotidiens dans toutes les classes du primaire (un rituel de lecture de 10 minutes quotidiennement en début de cours d’arabe et de français, un rituel d’activités de mathématiques de 10 minutes en début de cours et enfin une activité physique de 15 à 30 min à raison de trois fois par semaine) et le lancement d’un programme innovant de soutien scolaire pour éradiquer les grandes difficultés d’apprentissage au niveau du cycle primaire à travers des activités ludiques. Pour le secondaire, le ministère prévoit entre autres, un renforcement des associations de sport scolaire et des nouvelles activités extrascolaires dans tous les établissements secondaires mais aussi de nouveaux moyens numériques pour améliorer l’enseignement des sciences.
D’aucuns diront que ces mesures sont insuffisantes et isolées mais, elles ne le sont pas. Si la question de l’éducation concerne évidemment les enfants scolarisés actuellement, elle est également un indicateur fort et précis du degré de développement de notre pays, de sa capacité à produire des citoyens actifs et utiles à la société. Le rôle de l’école est avant tout d’éduquer à la vie en collectivité, d’apprendre à vivre ensemble, de respecter son prochain avec sa diversité et de favoriser l’épanouissement de l’individu. Ce sont autant de choses qui nous font défaut et qui produisent l’incivisme, la corruption, le harcèlement et tant d’autres maux. Et le serpent se mord la queue tant l’échec de l’école publique au niveau académique est fortement corrélé à l’apprentissage et l’assimilation d’abord des compétences fondamentales.
En ce sens, les actions prévues par la feuille de route du ministère de l’éducation ont l’ambition «de s’attaquer à l’épanouissement des enfants en favorisant l’esprit civique, leur curiosité, leur culture générale, la créativité et l’aptitude à la communication, s’engageant à ce que toutes les actions de politique éducative soient sélectionnées, priorisées et évaluées à l’aune de leur capacité à contribuer à la concrétisation de ces objectifs. »
Il est évidemment trop tôt pour déterminer si la réforme de l’éducation de Chakib Benmoussa produira des résultats probants, mais l’espoir de voir enfin nos enfants s’épanouir réellement à l’école nous fera vivre jusqu’à l’heure du bilan.