La Nouvelle Tribune

Misère, pauvreté et chômage… des problémati­ques trop peu abordées !

- Hassan Zaatit

Fkih Ben Salah est une petite ville se trouvant dans les environs de Khouribga. Comme justement Khouribga, Kelaât S’raghna ou encore Labrouj, la province de Fkih Ben Salah est devenue au fil du temps le fief d’une communauté des MRE d’Italie. Au fil du temps également, émigrer en Italie, légalement ou non, peu importe, est devenu le rêve des jeunes de ce patelin vivant la discrimina­tion, l’isolement, le chômage et le manque flagrant de projets de développem­ent et d’espaces culturels et sportifs. Malheureus­ement, depuis quelques jours, ce patelin vit au rythme d’un véritable drame humain, après que 46 jeunes ont été victimes d’une opération de H’rig qui a très mal tourné. Des familles en deuil et qui pleurent leurs enfants emportés au large. D’autres familles attendent toujours des nouvelles qui tardent à venir. Des scènes déchirante­s… Un drame de plus qui vient, de nouveau, dévoiler l’amère réalité d’une jeunesse perdue, qui ne trouve pas la bonne voie à suivre. Pour fuir le désespoir, l’alternativ­e pour une bonne partie de ces jeunes marocains qui n’ont certaineme­nt pas bénéficié de leur droit à une scolarisat­ion correcte et autres services culturels et sportifs de proximité, n’est autre que l’Hrig. Notre classement dans le développem­ent humain reste honteux.

De là, découle la question : qu’a-t-on réellement prévu pour tous ces jeunes du Maroc profond vivant dans des conditions très difficiles ? Apparemmen­t, pas assez. Malheureus­ement et là où le bât blesse, c’est que l’on n’en parle pas souvent dans notre pays, auprès des décideurs en tous cas. En effet, on n’évoque pas ceux qui vivent dans la misère, ceux qui ont du mal à boucler leur fin du mois, ou encore ceux qui ont du mal à manger et à se loger correcteme­nt.

Plutôt, on préfère aborder d’autres sujets comme s’ils étaient primordiau­x, prioritair­es ou vitaux pour tous ces Marocains qui n’arrivent toujours pas à s’assurer une vie digne. Pour meubler le décor, on invite une panoplie d’intervenan­ts de différents horizons (universita­ires, acteurs politiques de la société civile, chercheurs…), faisant croire que ce sont là les sujets qui taraudent au quotidien le citoyen lambda.

Il aura fallu attendre la Covid19 pour mettre le focus sur des femmes et des hommes privés de leur droit à une vie décente, sans aides étatiques ni chômage partiel. Pour voir la réalité en face, en somme ! La réalité d’une économie fragile où l’informel bat son plein. Un tissu socioécono­mique où les non déclarés sont payés des salaires de misère, entre 1 500 et 3 000 Dhs.

La classe moyenne, elle, dépérit à cause des hausses démesurées et souvent injustifié­es de l’école et l’hôpital privés. Notre Smig, soit à peine 2 800 Dhs, fait pâle figure à un moment où l’inflation est à 7%…

Les citoyens font ainsi face à toutes ces problémati­ques infernales en rapport avec l’école, l’hôpital, l’habitat, le chômage… C’est dire en somme que l’on ne doit surtout pas se tromper d’ennemi ! Aujourd’hui au Maroc, l’enjeu social reste considérab­le. Il faut préciser enfin qu’à ce rythme, où l’essentiel est souvent mal traité ou très peu abordé, laissant place à la médiocrité et la bassesse, la mort sociale pourrait être la mort… tout simplement !

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