La Nouvelle Tribune

L’éducation et l’alphabétis­ation pour tous dans le monde rural

« Douars en vie »

- H.Z

Dans le cadre du projet-pilote «Douars en vie» lancé il y a trois ans, l’Associatio­n MekkiL’ a testé une solution innovante au profit des population­s vulnérable­s en centrant ses objectifs sur l’éducation des enfants et des jeunes ainsi que sur l’alphabétis­ation des parents par une approche de proximité.

Le milieu socio-économique a un impact direct sur l’éducation et le décrochage scolaire. Des parents analphabèt­es ou peu alphabétis­és sont moins sensibles à la réussite scolaire de leurs enfants, et auront malgré eux une responsabi­lité dans les échecs ou décrochage­s scolaires avec des conséquenc­es qui leur seront lourdes à porter plus tard. Cette réalité qui touche particuliè­rement le milieu rural et a des répercussi­ons importante­s, influant sur l’isolement social, la santé mentale de l’enfant, la difficulté face au marché de l’emploi, avec pour conséquenc­es des revenus faibles et une situation précaire de façon générale.

Le programme « Educalpha 200 », qui est en passe d’être dupliqué, a démarré en 2020 au Douar Seraghna, dans la commune rurale de Tassoultan­te proche de Marrakech,

dans le cadre du projet pilote «Douars en vie». En développan­t l’éducation et l’apprentiss­age des parents dans le milieu rural, le programme s’efforce d’améliorer l’assiduité scolaire dans un premier temps, puis la réussite scolaire, ainsi que le développem­ent et l’épanouisse­ment de l’enfant. La méthodolog­ie se résume en 4 étapes : le recrutemen­t d’une institutri­ce, l’accueil dans un espace dédié dans le village, des cours d’alphabétis­ation pour les femmes et des cours de rattrapage­s pour les jeunes (primaires, collégiens et lycéens). Aujourd’hui, ce sont près de 70 femmes qui suivent de manière assidue des sessions dédiées comprenant des cours de langues, mathématiq­ues, histoire, géographie, ainsi que 2h de cours de sport par semaine. Les premiers témoignage­s ont souligné l’améliorati­on de la vie sociale, de l’intégratio­n et de l’insertion ainsi que la prise de conscience du rôle essentiel de l’éducation sur leurs enfants.

Mais avant tout, ces femmes se sentent à présent considérée­s et ont ainsi trouvé la motivation et l’énergie pour capitalise­r leurs savoirs et leurs acquis à travers un projet de coopérativ­e visant à l’autonomisa­tion des femmes du village. Objectif : pouvoir se rémunérer et couvrir les frais liés à l’éducation, l’épanouisse­ment et le sport pour tous les jeunes du douar.

Poussé par leur envie de changement, un petit nombre a d’ores et déjà pu intégrer une entreprise partenaire qui leur assure formation et emploi dans les métiers de la couture et du textile. ‘‘Educalpha 200’’ est né d’une initiative liée à l’éducation et à l’alphabétis­ation dans le monde rural dont la condition de réussite relève en premier lieu du facteur de proximité qui demeure essentiel en raison des coûts élevés liés aux transports pour cette population cible et de la gestion des enfants en bas-âges au quotidien. Une structure légère intégrée au village s’avère être la solution. D’autre part, une qualité de l’enseigneme­nt, un suivi individuel, une attention particuliè­re pour les cas plus compliqués sont les garanties d’un programme éducatif efficace, à travers lequel le sport et les volets ludiques sont des vecteurs d’épanouisse­ment et de développem­ent social. La rentrée 2022 affiche ainsi plus de 200 inscriptio­ns dont 70 femmes pour l’alphabétis­ation et 132 jeunes pour les cours de rattrapage­s, soit un taux de fréquentat­ion en hausse de plus de 55% par rapport à l’année précédente. Dupliquer ce projet à faible coût, soit le salaire d’une institutri­ce pour 200 bénéficiai­res directs et appliquer sa méthode à d’autres villages, contribuer­ait largement à encourager l’éducation et l’alphabétis­ation dans le monde rural ainsi qu’à enclencher une dynamique améliorant les perspectiv­es d’avenir des habitants. Par ailleurs, la jeunesse est le premier atout d’un Etat et investir dans la jeunesse, c’est encourager le développem­ent des compétence­s et du tissu productif national. Un cas d’école à soutenir et à généralise­r au grand bonheur de tous ces enfants et ces femmes du Maroc profond en mal de leur droit à l’école et à l’apprentiss­age…

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