La Nouvelle Tribune

Doit-on avoir peur “de” ou “pour” notre jeunesse ?

- Hassan Zaatit

Actes de vandalisme, rixes, vols à l’arrachée, drogue, violence verbale, agressivit­é, menaces, insultes… la jeunesse marocaine est-elle au bord du chaos ? La question se pose et s’impose à l’heure où certains seuils du tolérable en matière de valeurs, de discipline et de retenue sont désormais franchis. À Casablanca, le mythique stade RUC (Racing Universita­ire de Casablanca) exactement, s’est transformé, le temps d’un concert de plusieurs rappeurs dont El Grande Toto, en un espace de violences en tout genre : harcèlemen­t sexuel, vol, jets de pierres et de bouteilles, port d’armes, bagarres… En somme, une triste scène pour le festival l’Boulevard censé véhiculer aux jeunes urbains des messages d’espoir, de civisme, de partage et de vivre ensemble… Des messages humains et d’amour ! Telle est d’ailleurs la vocation principale de l’art et de tout événement culturel de manière générale. Néanmoins, lors de cette soirée du 30 septembre dernier, ça a été la confusion générale avec un sens de non retenu chez des jeunes, peut-être victimes d’une démission flagrante des parents qui restent de loin les premiers responsabl­es de l’éducation et l’orientatio­n de leurs enfants.

Dans le même sens, il est important de rappeler également que depuis quelques années déjà et à l’occasion d’un certain nombre d’événements culturels, sportifs et religieux, les débordemen­ts ont été le plus souvent au rendez-vous. Achoura, au fil des ans, est devenue synonyme de graves débordemen­ts orchestrés par des jeunes semant ainsi la zizanie dans leurs quartiers : des arbres arrachés, des voitures saccagés, des pneus incendiés sur la voie publique, de jets de pierres, une forte résistance à la police. Pour rappel et lors des dernières festivités d’Achoura, 157 individus, dont des mineurs, ont été interpellé­s dans le cadre des différente­s opérations sécuritair­es menées par les services de sécurité au niveau national.

Dans les stades de foot, les actes de vandalisme et d’incivilité se sont intensifié­s, faisant de dégâts aussi bien humains que matériels. Dans certains quartiers populaires, la situation est encore plus compliquée. Des jeunes armés de sabres font souvent la loi. Dangereux, menaçants, dealers, récidivist­es, ces jeunes créent le plus souvent une ambiance de terreur dans ces quartiers.

Aux abords des écoles, la vente des psychotrop­es et autres drogues par des jeunes aux étudiants, continue d’inquiéter vivement les parents et les familles. Idem pour l’embrigadem­ent des jeunes dans des réseaux terroriste­s et idéologies extrémiste­s. Et également pour ces milliers de jeunes hypnotisés sur leurs ordinateur­s et les réseaux sociaux. A ces maux, le Hr’ig est un autre phénomène qui ne cesse de faire des victimes auprès des jeunes.

C’est dire à quel point la situation de notre jeunesse est critique, d’où l’urgence d’approfondi­r le débat sur les alternativ­es, les réponses et les solutions à même de garantir la cohésion sociale et génération­nelle dans notre pays.

Il est important de constater toutefois que ces jeunes marocains évoluent souvent dans un écosystème social de dérives, notamment socioécono­miques, scolaires et judicaires.

Pour beaucoup, cette jeunesse illustre parfaiteme­nt l’échec d’une génération de parents touchés de plein fouet par le chômage. Ces jeunes vivent sans avenir, ni projets sociaux à l’horizon. Marginalis­és et livrés à euxmêmes, ils sont souvent rejetés de l’école ou des université­s. Vivant aussi le complexe d’El ‘‘Hogra’’, ils ne sont pas intégrés dans la vie active. C’est dire qu’être jeune dans des conditions pareilles, est extrêmemen­t difficile. Echapper à cette dure et amère réalité se fait le plus souvent à n’importe quel prix.

Du côté officiel, on ne cesse d’avancer un certain intérêt pour les jeunes, mais jusqu’à présent, on ne voit pas vraiment quoi que ce soit de concret arriver. Aujourd’hui plus que jamais, il est grand temps d’écouter, intégrer et aider cette jeunesse. Familles, Gouverneme­nt, société civile, politiques, élus locaux et Oulémas sont vivement interpellé­s pour un véritable travail de fond et une mobilisati­ons tous azimuts dans le grand espoir de donner à cette jeunesse l’envie de croire que demain sera meilleur.

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