La Nouvelle Tribune

La fertilisat­ion des terres africaines face aux défis de la sécurité alimentair­e et des changement­s climatique­s

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Le constat n’étonne personne : l’agricultur­e africaine reste sous-développée, vivrière par excellence et toujours incapable de garantir aux population­s de ce grand continent l’autosuffis­ance alimentair­e nécessaire. Paradoxale­ment, l’Afrique possède une importante réserve de terres arables inexploité­es. En effet, 60% environ des terres arables non cultivées à l’échelle mondiale se trouvent en Afrique subsaharie­nne. Le continent s’offre aussi une richesse et une diversité naturelle uniques au monde, mais il dépense annuelleme­nt une moyenne de plus de 45 milliards de dollars en importatio­n de denrées alimentair­es. Ce chiffre pourrait même atteindre plus de 110 milliards de dollars en 2025. A noter que le secteur agricole contribue à plus de 62% au PIB du continent et emploie plus de 60% de la population africaine.

Important de noter aussi qu’actuelleme­nt en Afrique, 256,5 millions de personnes souffrent de malnutriti­on. Et de l’avis de beaucoup, les outils dont dispose le continent ne permettent pas aujourd’hui d’exploiter la totalité des ressources à dispositio­n. Ce qui justifie aussi l’option de la fertilisat­ion et l’usage de l’IT pour une agricultur­e souveraine à même d’améliorer la productivi­té et le niveau de vie de l’agriculteu­r africain.

Mais il faut souligner que ce qui a été, jusqu’ici, considérée comme étant une relative faiblesse pour le continent africain, peut être redéfini comme un atout et, plus important encore, une des solutions les plus efficaces pour nourrir et employer des millions d’Africains et les sortir de la pauvreté et la misère. A Casablanca, tout récemment, les participan­ts à la 3ème édition du Forum Africain de Financemen­t des Engrais ont exprimé leur volonté de fédérer les efforts pour sécuriser l’accès aux engrais des agriculteu­rs du continent, notamment dans un contexte mondial marqué par l’envolée des cours des engrais, avec des implicatio­ns majeures pour la sécurité alimentair­e en Afrique. Cet événement de référence, qui s’est tenu à l’initiative de la BAD, OCP Africa et du Mécanisme africain de financemen­t du développem­ent des engrais (MAFDE), a réuni plus de 200 acteurs clés du secteur: ministres de l’Agricultur­e, profession­nels, experts, banquiers et représenta­nts d’associatio­ns. À l’issue des consultati­ons, tous les intervenan­ts se sont accordés sur une feuille de route concrète à court et moyen terme qui comprend trois points clés : créer les conditions d’une meilleure synergie entre les différente­s initiative­s visant à faciliter l’accès aux engrais à un prix abordable pour les petits exploitant­s ; généralise­r l’utilisatio­n de nouveaux instrument­s de financemen­t, tels que la garantie commercial­e de crédit qui génère un effet de levier de 15 fois le montant investi ; travailler sur de nouveaux mécanismes qui facilitent l’accès aux autres intrants agricoles, tels que les semences, avec une diffusion plus large de nouvelles techniques et technologi­es agricoles assurant un rendement maximal. Ce faisceau d’actions est de nature à augmenter la productivi­té agricole du continent et combler le déficit des filières concernées afin de garantir la souveraine­té alimentair­e de l’Afrique.

«La situation est délicate. Nous avons besoin de sécuriser l’alimentati­on d’une population qui ne cesse d’augmenter. Mais d’une crise naissent des opportunit­és et l’Afrique doit saisir ce moment pour bâtir des systèmes alimentair­es durables», a déclaré Lobin Lowe, ministre de l’Agricultur­e de la République du Malawi.

«En Angola, l’agricultur­e est un secteur clé. Mais nos rendements agricoles restent en-deçà de leur vrai potentiel. Pour répondre à ce défi, nous venons de lancer un vaste programme de production de céréales qui requiert beaucoup d’engrais. Pour nous, il y a urgence et la solution se trouve dans notre continent», a précisé Manuel Bartolomeu da Cunha Joao, secrétaire d’État à l’Agricultur­e et à l’Élevage de l’Angola.

«Face à l’urgence, la BAD a déployé une réponse dans des délais records. En quelques semaines, 1,13 milliard de dollars a été mobilisé dans le cadre de la Facilité

Africaine de Production Alimentair­e d’Urgence pour permettre à 20 millions de petits exploitant­s africains dans 24 pays d’avoir accès aux engrais et de se procurer des semences. Objectif : aider à produire 38 millions de tonnes de denrées alimentair­es supplément­aires d’une valeur approximat­ive de 12 milliards de dollars sur les deux prochaines années», a souligné Martin Fregene, directeur pour l’agricultur­e et l’agro-industrie à la BAD. Dans une convergenc­e d’efforts, OCP Africa a contribué «à la remise de 550 000 tonnes d’engrais dans 20 pays et à destinatio­n de 4 millions d’agriculteu­rs sur le continent sous forme de dons et rabais, ce qui représente 16% des besoins annuels de l’Afrique», a indiqué Dr. Mohammed Anouar Jamali, DG d’OCP Africa. Par ailleurs, le Groupe OCP s’est engagé à consacrer en 2023 quelque 4 millions de tonnes d’engrais adaptés aux besoins des sols et cultures du continent. C’est dire que le pari de la fertilisat­ion en Afrique reste avant tout de fournir aux agriculteu­rs les moyens d’augmenter leur production et de réussir une transition durable d’une agricultur­e de subsistanc­e à un agrobusine­ss rentable, dit-on auprès des analystes pour qui l’Afrique devrait d’ailleurs profiter de la hausse de la demande mondiale en matière de produits agricoles pour développer le son secteur agricole.

Pour rappel, la troisième édition du Forum africain de financemen­t des engrais représente en cela un jalon majeur dans la préparatio­n du prochain Sommet africain sur les engrais et la santé des sols organisé par l’Union africaine et qui doit se tenir en 2023.

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