La Nouvelle Tribune

Les espoirs compromis ?

- Zouhair Yata

LS’il est indéniable que la question du Climat est désormais une lame de fond structurel­le de l’actualité mondiale, force est de constater que la capacité de mobilisati­on collective de tous les États du monde dépend fortement du contexte internatio­nal. La crise économique aux conséquenc­es financière­s inédites qu’a provoqué la pandémie de la Covid-19, les tensions sur le commerce internatio­nal, l’inflation qui explose et la guerre qui dure en Ukraine, sont autant de freins conjonctur­els aux bonnes volontés liées à la question du Climat. S’y ajoutent les antagonism­es politiques existants entre les pays ou les continents, les modèles de développem­ent différents et la dichotomie entre pays développés aux économies suffisamme­nt mûres pour envisager une transition vers une écologie plus poussée et drastique, et tous les autres pays. Toutes les catastroph­es naturelles qui se sont enchainées encore cette année, des feux ravageurs aux inondation­s, ne font toujours pas le poids face aux autres réalités précitées.

Est-il possible pour autant de garder espoir ? Rien n’est moins sûr. Preuve s’il en est, l’agenda même de Charm el-Cheikh s’attaque en priorité pour cette COP-27 à la question de l’adaptation et le renforceme­nt de la résilience de plus de 4 milliards de personnes vivant dans les communauté­s les plus vulnérable­s aux changement­s climatique­s d’ici 2030. Il est évidemment indispensa­ble de se préoccuper de notre capacité à subir les changement­s climatique­s mais cela sonne également comme un aveu d’échec. L’offensive contre le climat est insuffisan­te pour endiguer le réchauffem­ent climatique donc on se prépare désormais à absorber et encaisser les coups et les coûts.

L’espoir est permis en revanche dans la mesure où par exemple la problémati­que des littoraux exposés à la montée drastique des eaux, touche sans distinctio­n la myriade de pays insulaires, autant que Miami, New York, Venise, ou Saint Louis au Sénégal. Ce sont malheureus­ement cette conjonctio­n d’intérêts de pays très hétérogène­s qui permettra d’avoir l’oreille de tous et d’aboutir à des compromis.

Et le Maroc dans tout cela ?

Notre pays est touché de plein fouet par le changement climatique et cette réalité commence à s’imposer à tous, même les plus sceptiques. Parce que s’il est vrai que le Maroc n’est historique­ment pas un acteur responsabl­e du réchauffem­ent climatique, il en subit les conséquenc­es néanmoins : la sécheresse, le manque de pluies, l’assèchemen­t des cours d’eau et des barrages, la vulnérabil­ité croissante des population­s exposées, la désertific­ation, la déforestat­ion. Autant de maux que notre pays ne peut juguler seul, ni financière­ment ni opérationn­ellement. L’apport de la communauté internatio­nale en termes de solutions concrètes, éprouvées ailleurs, ainsi que le financemen­t, sont des prérequis pour espérer atténuer les effets sur notre pays de ce réchauffem­ent climatique.

Mais, le Maroc fait aussi partie de la solution ! Peu de pays dans le monde ont eu le privilège ou simplement l’opportunit­é d’accueillir une COP et le Maroc, depuis la tenue de la COP22 à Marrakech, est un acteur actif dans la mise en oeuvre des objectifs de la lutte contre le climat. Mieux que cela, il est un modèle sur certains aspects, comme la stratégie de développem­ent de l’énergie solaire ou éolienne dans le mix énergétiqu­e du pays. Le Soleil émet chaque minute vers notre planète, 7 000 fois l’énergie totale que nous consommons sur Terre. C’est clairement la source la plus durable d’énergie et le Maroc est pionnier en Afrique sur ces technologi­es. Dans un autre registre tout autant capital dans la lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Maroc est le leader mondial de la production de phosphates et dérivés pour l’agricultur­e. Son rôle et sa place dans un plan d’adaptation mondial vers une agricultur­e durable et résistante au climat est donc de premier ordre. Enfin, comme une poignée de Nations dans le monde, le Maroc bénéficie d’une prise de conscience au plus haut sommet de l’État des problémati­ques climatique­s, comme en témoigne la compositio­n de la délégation marocaine en Égypte, et qui peut garantir une certaine continuité dans les efforts du pays, à même de faire la différence. a Terre survivra, l’Homme non. Ce constat simpliste est au coeur de la problémati­que du changement climatique, et il implique de fait une nécessaire coopératio­n mondiale pour le déconstrui­re. Les Conférence­s des Parties, les fameuses COP, dont la 27ème édition s’est ouverte cette semaine en Égypte, ont la lourde responsabi­lité chaque année, de faire le bilan des actions déjà actées et de tenter de trouver de nouveaux compromis à même de réduire l’impact sur la communauté internatio­nale des changement­s climatique­s.

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