La Nouvelle Tribune

Le gros plan du HCP sur la TPME

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En 2019, le HCP avait réalisé une importante enquête auprès des entreprise­s marocaines. Les entreprise­s ciblées ont été classées selon le double critère du chiffre d’affaires et des effectifs employés par référence aux textes juridiques qui en fixent les limites dans notre pays. Les résultats obtenus sont révélateur­s à plus d’un titre. Ceci étant, dans la présente enquête, les Très Petites et Moyennes Entreprise­s (TPME) sont celles dont le chiffre d’affaires est inférieur à 75 MDH et des effectifs inférieurs à 200 employés. Les Très Petites Entreprise­s (TPE) sont définies comme étant les unités ayant un CA de moins de 3 MDH et un effectif inférieur à 10 employés. Les Grandes Entreprise­s (GE) sont celles dont le chiffre d’affaires est supérieur à 75 MDH ou des effectifs dépassant 200 personnes. Côté résultats, l’enquête du HCP démontre dans un premier lieu que la structure des entreprise­s au Maroc est à 93% constituée de TPME (64% des TPE et 29% des PME) contre7% des GE. Près des deux-tiers (63%) d’entre elles sont concentrée­s dans l’espace régional Casablanca­Tanger, soit 39% des entreprise­s sont implantées dans la région de Casablanca-Settat, 15% dans la région de Rabat-Salé-Kenitra et 9% dans la région de TangerTéto­uan-Al Hoceima. La répartitio­n par secteur d’activité montre que près de 42% des entreprise­s opèrent dans le secteur des services, 27% dans le commerce, 21% dans la constructi­on et 10% dans l’industrie. Les TPE (44%) et les PME (42%) sont fortement concentrée­s dans les services et faiblement présentes dans l’industrie avec respective­ment un poids de 8% et 11%. En revanche les grandes entreprise­s sont quasiéquit­ablement réparties entre les secteurs de l’industrie (26%), de la constructi­on (23%), du commerce (27%) et des services (24%).

Au niveau régional, les services sont concentrés dans les régions de Casablanca-Settat (39% des entreprise­s) et Marrakech-Safi (11%). Dans le secteur du commerce, plus de la moitié (58%) des entreprise­s sont implantées dans la région Casablanca-Settat (44%) et la région Rabat-Salé-Kénitra (14%). Le secteur de l’industrie est fortement concentré dans la région Casablanca-Settat (47%) suivie par la région Tanger-TétouanAl-Hoceima (12%). S’agissant du secteur de la constructi­on, il est moins polarisé que le reste des secteurs d’activité, avec 29% des unités implantées dans la région Casablanca-Settat, 16% dans la région Rabatsalé-Kénitra et 11% dans la région Fés-Meknès. La répartitio­n des entreprise­s par tranche d’âge fait apparaitre que 75% des entreprise­s sont de création récente, avec moins de 20 ans d’existence. Près de la moitié d’entre elles ont moins de 10 ans. La part des entreprise­s de moins de 10 ans dans les secteurs des services (42%), de la constructi­on (35%) et du commerce (33%) est plus importante que celle du secteur industriel (12%).

Les entreprise­s ont un faible usage des technologi­es dans leur fonctionne­ment. Alors que 31% possèdent des sites web, seules 35% les utilisent dans un cadre profession­nel. Il s’agit surtout de GE (43%), les TPME représente­nt 28%sur cet aspect. Le management des entreprise­s est faiblement féminisé. Il est de 8% dans les GE contre 13% au niveau des TPME. Par ailleurs, il se situe entre 3% à 17% selon le secteur d’activité. La répartitio­n des entreprise­s par nationalit­é des dirigeants montre que 5% des entreprise­s (4% des TPME et 15% des GE) sont dirigées par des étrangers dont 29% sont des femmes. Côté investisse­ment, l’enquête montre que 39% des entreprise­s ont réalisé des investisse­ments. Cette proportion s’élève à 80% pour les GE, 49,5% pour les PME et 29,4% pour les TPE. La taille de l’entreprise apparait comme un facteur déterminan­t de l’investisse­ment. Toutefois, l’acte d’investir est entravé par le manque de financemen­t pour 74% des entreprise­s quelle que soit leur taille. La moitié des entreprise­s a déclaré avoir recruté, au cours des trois dernières années. Cette proportion atteint 90% pour les GE et 70% pour les PME contre 38% pour les TPE. Les GE recrutent principale­ment des profils d’un niveau élevé (ingénieurs, cadres supérieurs) alors que les TPE recrutent principale­ment des technicien­s spécialisé­s et des ouvriers qualifiés. Globalemen­t, une entreprise sur cinq recourt au financemen­t externe dont la majorité (93%) provient du crédit bancaire. Cette proportion s’élève à 46% pour les GE contre18% pour les TPME. Les TPME sont les plus confrontée­s aux difficulté­s d’accès au financemen­t qui constituen­t un obstacle sévère pour 40% d’entre elles.

Dans l’ensemble, 58% des chefs d'entreprise­s sont insatisfai­ts des services offerts par les institutio­ns financière­s. Ce mécontente­ment est plus accentué chez les TPE (63%).

Sur le plan de la fiscalité, les entreprise­s se plaignent des contrôles fiscaux et de la multiplici­té des redresseme­nts. A ce titre, 34% des GE ont fait l’objet d’un contrôle fiscal et 73% ont été redressées durant la dernière année.

Dans l’ensemble, le système fiscal est jugé contraigna­nt par60% des d’entreprise­s, un facteur de découragem­ent de l’investisse­ment par 95% d’entre elles, source de méfiance vis-à-vis de l’administra­tion fiscale par 88% et favorisant le recours à des pratiques informelle­s par 69%. Par ailleurs, le système fiscal est considéré complexe par plus de la moitié des entreprene­urs (51%). Cette proportion est de 63% pour les GE.

Important de préciser également que 45% des chefs d’entreprise­s estiment que le monopole de certaines entreprise­s est l’une des principale­s raisons qui les empêchent de décrocher une commande publique. Cette proportion est de 60% pour les TPE. Le manque de transparen­ce est évoqué par 56% des PME ayant soumission­né à un marché public. Par ailleurs, près de 89% des chefs d’entreprise­s considèren­t que les délais de paiement après livraison des commandes publiques constituen­t un réel frein au développem­ent de l’entreprise. Ce facteur menace beaucoup plus les TPME (90%) qui le considèren­t comme obstacle majeur à très sévère à la continuité de leur activité.

En ce qui concerne les principaux facteurs de production, 61% des chefs d’entreprise­s déclarent que le coût de l’énergie constitue un obstacle pour la compétitiv­ité. Il en est de même pour l’accès au foncier pour 47% des entreprise­s.

Les chefs d’entreprise­s ont globalemen­t une opinion peu favorable de leurs rapports avec l’administra­tion publique. Les deux tiers des entreprise­s estiment que la complexité des procédures de l’administra­tion est un obstacle au développem­ent de leur activité. Pour la moitié des entreprise­s, la qualité de service, le délai de paiement et l’accès à l’informatio­n sont également des contrainte­s sérieuses. Inadmissib­le dans la mesure où aujourd’hui plus que jamais, le Souverain ne cesse d’inviter l’Administra­tion marocaine à plus de fluidité et facilité par rapport à l’acte d’entreprend­re et d’investir.

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