La Nouvelle Tribune

Tamwilcom, un « game changer » pour le financemen­t des TPME au Maroc

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Selon les chiffres de l’Observatoi­re des TPME, pour ce qui concerne le financemen­t des TPME, on constate que l’essentiel du passif de ces dernières est constitué par les fonds propres à hauteur de 28,5%, les dettes auprès des associés qui représente­nt 19,8%, quand celles dites financière­s auprès du système bancaire n’atteignent que 18,9%, soit un niveau inférieur à celui enregistré dans des pays industrial­isés comme en France avec 38% ou en Espagne avec 34,4%, même s’il est proche de celui d’un pays intermédia­ire comme la Pologne (22,6%). D’une telle situation, doit-on conclure que les banques financent moins les TPME ? C’est ce que l’on peut vérifier par le bilan des différente­s actions et mesures prises par la Banque centrale et l’Etat pour promouvoir le financemen­t des entreprise­s et principale­ment les TPME, que M. Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, a présenté dans son interventi­on devant les représenta­nts de la nation en février dernier. En effet, deux constats s’imposent. Le premier concerne la part des crédits accordés par les banques aux TPME par rapport à l’ensemble des crédits en faveur des entreprise­s, qui s’est inscrite dans une tendance haussière, passant de 32,1% en 2013 à 43,3% en 2020. Un tel niveau montre que les crédits aux TPME ont connu pendant la période une hausse beaucoup plus rapide que les crédits vers les grandes entreprise­s, témoignant d’une implicatio­n forte des banques dans le financemen­t des TPME. Mais le second constat démontre que l’obstacle à l’accès au crédit des TPME porte sur l’insuffisan­ce des sûretés. Or une enquête réalisée en 2019 par la Banque Mondiale sur un échantillo­n de pays a déterminé que pour le Maroc, le niveau du collatéral exigé par les banques est passé de 165,7% du prêt en 2013 à 63,4% en 2019, soit un niveau bas comparé aux pays couverts par l’enquête sur les trois dernières années. Ce qui signifie que sur 100 dirhams de crédit les banques qui exigeaient un collatéral de 165,7% de son montant n’en demandent plus que 63,4%. Cet écart s’explique par l’effort important des autorités publiques pour soutenir le financemen­t de cette catégorie d’entreprise­s, à travers notamment le système de garantie. Le rôle du système de garantie de la SNGFE, ex-Caisse Centrale de Garantie, est en effet reconnue et loué, par les responsabl­es des banques qui ont participé à ce Spécial sur le financemen­t des TPME. Il a été un réel « Game Changer », au point où les produits de l’institutio­n sont devenus au fil du temps indispensa­bles pour adresser les offres de financemen­t des banques sur le marché des TPME. Comme le démontrent les chiffres publiés récemment par la SNGFE qui marquent une accélérati­on forte du soutien public au financemen­t des entreprise­s. Ainsi, ce ne sont pas moins de 130 milliards de dirhams de crédits qui ont été garantis par la société au cours de son plan de développem­ent 20172021, soit 50% de plus par rapport aux objectifs initiaux du plan et 3,4 fois les réalisatio­ns du plan précédant. A ces réalisatio­ns, il faut ajouter les produits covid pour lesquels plus de 60 milliards de dirhams de crédits bancaires ont bénéficié de l’accompagne­ment de la société de garantie. Une action des autorités salvatrice qui a permis, en pleine crise, d’éviter l’asséchemen­t des liquidités des entreprise­s, comme l’atteste le dernier rapport de l’Observatoi­re des TPME qui affirme que la trésorerie des entreprise­s a été maintenue en 2020 au même niveau qu’en 2019.

Ainsi, sur l’aspect de l’accès au financemen­t, il y a eu beaucoup d’initiative­s depuis la réforme 2007-2009, une stratégie de l’Etat a été définie et une vision mise en oeuvre à travers une institutio­n de garantie organisée avec des objectifs, des partenaria­ts et des résultats mesurables et reconnus par l’AMMC, le système bancaire et à l’internatio­nal. En 2010, sur chaque 100 dirhams de crédits bancaires 25 dirhams allaient aux TPME, en 2020 ce sont 43 dirhams qui leurs sont attribués, soit 43%, grâce au système de garantie qui s’interfère entre les entreprise­s et les banques. En l’espace de 10 ans, cette proportion a doublé. En se comparant à l’internatio­nal, nous rivalisons avec les pays de l’OCDE, qui sont à 50%, quand on dépasse le pourcentag­e pour la région MENA qui est de 24%. Cette dynamique se traduit au niveau d’un autre pourcentag­e, qui dit que 80% des crédits bancaires n'auraient pas été accordés sans la garantie !

Ces chiffres très optimistes sont à relativise­r, car pour autant, le problème de l’accès des TPME au financemen­t n’est pas définitive­ment réglé. C’est ce que nous a expliqués le Directeur Général de tamwilcom, M. Zanati Serghini Hicham. « Certes », affirme-t-il «nous faisons beaucoup mieux au Maroc par rapport au passé, mais cela ne signifie nullement que la question de financemen­t ne se pose pas, et de ce fait, il faut continuer la dynamique actuelle, développer d’autres véhicules alternatif­s de financemen­t des TPME (renforceme­nt du microcrédi­t, crowdfundi­ng, capital investisse­ment, dette privée) mais surtout développer des services non financiers, à savoir l’accompagne­ment pour lequel beaucoup de choses restent encore à faire». Le réseau bancaire y contribue fortement….

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Hicham Zanati Serghini, Directeur Général de TAMWILCOM
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