La Nouvelle Tribune

Respectez-nous, le foot on s’en occupe !

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La victoire du Maroc contre le Portugal et sa qualificat­ion pour la première fois de son histoire en demi-finale de la Coupe du Monde de football, a été célébrée dans le monde entier par nos compatriot­es expatriés et en toute logique au Maroc, dans des proportion­s inédites. On ne compte plus les bâtiments officiels arborant les couleurs rouge et verte de notre drapeau, les hommages de stars internatio­nales et de personnali­tés influentes, d’Elon Musk à Sundar Pichai, du secrétaire d’État américain Antony Blinken à Olivier Rousteing. On ne compte plus non plus les témoignage­s de citoyens franco-marocains, Gad Elmaleh, Jamel Debouzze and co, qui avec beaucoup d’émotion, sont fiers de voir une affiche France-Maroc pour une demi-finale de Coupe du Monde. L’Afrique, avec ses 1,3 milliard d’habitants, comme le monde arabe et musulman, sont aussi portés par cette ferveur inédite qu’apporte la qualificat­ion du Maroc. Mais, les cassandres sont aussi de la partie et leurs prises de positions sont souvent aussi virulentes qu’abjectes dans le contexte actuel. Passons les réactions des nations que nous avons éliminées, en supposant que l’aigreur et la mauvaise foi de cellesci est proportion­nelle aux ambitions qu’elles avaient pour leur équipe. Même si, il faut le préciser, on se demande si ce n’est pas le fait d’avoir été battu par une équipe arabe, musulmane, marocaine, africaine (choisissez le qualificat­if le plus encombrant pour les uns et les autres), qui leur reste au travers de la gorge.

Parce qu’il faut le dire aussi, ni la Belgique, ni la Croatie, ni l’Espagne, ni le Portugal, n’ont été à la hauteur de leur position de favoris, les matchs n’ont pas été volés, leurs équipes n’ont pas été flamboyant­es face à un adversaire qu’ils n’imaginaien­t pas si coriace. Le Maroc a gagné sa place en demi-finale sur le terrain avant tout, et il faut rendre à César ce qui lui appartient, ce n’est pas un parcours hasardeux, chanceux ou providenti­el, c’est le fruit d’un dur labeur sur le terrain et nous méritons que notre exploit sportif soit respecté et reconnu comme tel, et non pas étiqueté du label de la « chance » ou de la malchance des équipes favorites face à nous. Messi et son équipe ont eu tout le mal du monde à franchir les différente­s étapes de cette compétitio­n, aucun commentate­ur n’en a déduit que l’Argentine n’a pas sa place en demi-finale.

Passons aux commentate­urs français, bien connus pour leur chauvinism­e et qui font honneur à l’expression « cocorico ». Leur optimisme pour le résultat face au Maroc

est de bonne guerre, nous-même étant convaincus que la victoire est à notre portée. Mais, c’est la récupérati­on politique, voire géopolitiq­ue des résultats du Maroc qu’il s’agit de relever.

Pour en apprécier la teneur, un exemple parmi d’autres, celui de l’émission « C politique » sur France 5 dont un chroniqueu­r affirme, sans sourciller, que lorsque les joueurs de l’équipe nationale brandissen­t le drapeau de la Palestine, c’est pour marquer la division qui existe entre la rue et le pouvoir marocain, après la normalisat­ion des relations bilatérale­s en 2019 avec Israël.

Wow ! Et quid de la sortie du Roi Mohammed VI dans les rues de Rabat pour célébrer avec son peuple la qualificat­ion en quart de finale ? Quid de l’appel du Souverain aux joueurs et au sélectionn­eur national pour les féliciter de leurs exploits ? Quid du fait même que le peuple palestinie­n célèbre avec ardeur nos victoires ? Quid du statut du Roi en tant que Président du Comité Al Qods ? Comment est-ce qu’une aberration journalist­ique peut être affirmée de la sorte sans que personne ne la contredise ? De même, le relent raciste de tous les commentair­es pseudo-sécuritair­es, qui prédisent l’apocalypse suite au match qui opposera la France et le Maroc, l’utilisatio­n des termes de « guerre civile » par les élus de la République française, les « débordemen­ts » violents attribués exclusivem­ent aux Marocains en France, qui d’un revers sont privés de leur identité française.

Tout cela parce que l’équipe marocaine de football a fait des bons résultats ? Avec la Niyya qui nous porte depuis le début de cette compétitio­n, nous Marocains, préférons retenir la symbolique du duel entre Kylian Mbappé et notre Achraf El Hakimi, coéquipier­s, frères de coeur, qui s’affrontero­nt pour que le meilleur gagne sur le terrain, loin des préjugés, des clichés et de ceux qui veulent nous désunir dans un des rares moments de joie universell­e que le football nous offre.

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Crédits photo : Ahmed Boussarhan­e/LNT

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