Surendettement public, une bulle qui menace d’exploser au niveau mondial
La maîtrise des finances publiques n’est plus une contrainte pour les pays en voie de développement en particulier, elle s’impose encore plus aujourd’hui aux pays riches occidentaux ! En effet, ces derniers ont profité de la longue période des taux bas pour creuser leurs déficits publics, profitant de financements faciles et peu coûteux.
Or, les dernières augmentations des taux d’intérêt aux États-Unis et en Europe, ont non seulement induit une forte dépréciation des obligations publiques, mais fortement renchéri le refinancement des États sur les marchés des capitaux internationaux. Au point que certains experts craignent en conséquence, une grande crise financière courant 2023, préconisant que seule la relance de la croissance économique peut la détourner. Mais, comment y arriver par les temps de guerre et de crises géopolitiques qui créent une inflation qui ne répond plus aux outils de politique monétaire pour la contrer ? Par des politiques restrictives qui aggravent les inégalités, une relance budgétaire freinée aujourd’hui par l’impact de la hausse des taux, ou un nouveau mode de développement basé sur la réduction de l’endettement ?
Car le niveau de la dette publique s’avère très important dans le monde et concerne plus particulièrement les pays développés qui ont profité des taux bas dans la durée, pour se refinancer à moindre coût.
Les Etats-Unis sont au premier rang en termes de gravité de l’endettement public au point qu’ils sont menacés par une crise budgétaire et financière. En effet, non seulement le niveau de la dette publique américaine atteint 120 % du PIB, mais surtout le Trésor américain a atteint la limite en matière d’augmentation de sa dette, au point de ne plus pouvoir payer les salaires des fonctionnaires et de l’armée, envisageant dans l’urgence une nouvelle hausse du plafond de la Dette. D’autant que le Trésor américain n’est par ailleurs pas le seul surendetté, la dette privée représente également 89% du revenu disponible des ménages américains, qui s’endettent pour consommer ou acquérir un logement, au point que la dette immobilière est supérieure au niveau qui a déclenché la crise des « subprimes » en 2007. En comptant sur la remontée actuelle des taux à près de 4% en moins d’un an pour exercer une pression sur ces emprunteurs et augmenter les risques financiers systémiques comme pour la précédente crise financière. Si l’exemple des États-Unis s’impose du fait que les crises financières sont souvent parties du continent américain, le reste du monde souffre aussi du surendettement public et privé, à la faveur des taux bas qui ont marqué la dernière décennie. L’Europe est aussi surendettée et souffre d’une récession due à une perte de compétitivité résultant de l’inflation qui a détérioré ses exportations alors que sa demande intérieure s’affaiblit en même temps. Et, sans croissance économique, l’endettement public et privé continuent à être indispensables. L’Asie ne se porte pas mieux, le Japon en particulier, est le pays le plus endetté du monde, son rapport dette publique/PIB a atteint 264%, toute augmentation des taux pèse lourdement sur les charges de sa dette qui s’élèvent déjà à 180 milliards de dollars.
En bref, la croissance économique mondiale se rétracte, à un niveau insuffisant pour contrer la flambée de la Dette comme le dit le dernier rapport du FMI qui montre une réelle inquiétude sur les risques financiers qui freinent les économies.
Le Maroc n’échappe pas aux contraintes budgétaires que connaissent les pays occidentaux comme le reste du monde. Mais à sa petite échelle, le radio de sa dette publique sur PIB reste inférieure aux 100% du PIB, que nombre de pays dépassent.
En effet, la dette du Trésor marocaine est actuellement à 69,8 en % du PIB du pays. Et sa dette publique à 81,9% de ce dernier. Cette dernière consolidant la dette du Trésor et celle des établissements publics.
Sachant que la structure de l’encours de la dette intérieure du Trésor se situe à 76% du PIB et celui de la Dette extérieure à 24%. Et, que la dette publique qui inclue celle des établissements publics, est de 67% du produit intérieure brut et celle extérieure de 32,4%. C’est dire que le Maroc, qui connait des difficultés budgétaires certaines, arrive à maintenir le niveau de sa Dette inférieur à 100% de son PIB. Même si ce signe de bonne santé financière est relatif, vu l’insuffisance de la taille du budget de l’État. La condition de son élargissement reste une croissance élevée à un taux constant sur plusieurs années…