Une grand-messe des associations féministes ce weekend à Rabat…
Réforme de la Moudawana
La première édition des “Assises du féminisme” autour de la question “Quelle réforme du Code de la Famille voulonsnous ?” est prévue ce samedi 16 décembre à Rabat. Cet événement inclura une analyse de l’état de l’égalite ainsi que l’animation d’espaces de réflexion et de mise en commun d’expériences féministes régionales et internationales. Associations féministes, juristes, médecins, islamologues, historien.e.s, anthropologues, économistes, managers, romancier.e.s, influenceur/ses, artistes, analystes et expert.e.s se réuniront a l’occasion de cette première édition des “Assises du Féminisme”, pour débattre des enjeux liés au féminisme marocain près de vingt années après la réforme du Code du Statut Personnel de 2004.La thématique de cette première édition des Assises du féminisme s’est imposée d’elle-même, dit-on auprès de l’organisation pour qui faut- il revendiquer des amendements du Code de la Famille en vigueur ou envisager une refonte globale pour une législation égalitaire et entraîner par la un cercle vertueux et dynamique de réformes de l’ensemble du corpus juridique ? Quel code de la famille pour davantage d’egalite, de justice et de dignité ? En raison de la centralite de la législation familiale et des impacts de ses dispositions sur l’ensemble de la société, les “Assises du Féminisme” de 2023 proposent de dresser le bilan, de mettre également a plat les perspectives et de proposer des recommandations de changement pour que l’égalite des droits soit une réalité effective du quotidien des femmes, des enfants et des hommes pour un Maroc riche de sa culture plurielle et définitivement tourne vers le XXIème siècle. Cette rencontre, qui réunira l’ensemble des associations et initiatives du féminisme marocain progressiste ainsi que des personnalités reconnues pour leurs travaux et engagement féministe, sera également l’occasion de faire une rétrospective des moments forts du mouvement féminin marocain qui a toujours été d’un humanisme inclusif en faveur du développement du pays, du progrès social et de l’émancipation des femmes ; d’analyser les mutations sociologiques, démographiques, technologiques de la famille et de la société marocaine ; de faire le point sur les nouvelles formes de mobilisation féministe ; de voir comment aboutir a plus de justice et comment protéger les femmes dans l’héritage…
Mme Meryem Sebti : C’est moi qui vous remercie de votre intérêt pour mon parcours. J’ai fait ma scolarité dans le système d’enseignement français et j’ai eu la chance d’avoir un ou deux professeurs de français qui ont éveillé mon intérêt pour la littérature. J’ai toujours beaucoup lu, depuis l’enfance. Mon intérêt pour la philosophie est né avant même que je ne fasse de la philosophie en classe de Terminale (que j’ai effectuée à Paris). Jeune j’ai lu Sartre et les existentialistes. Je trouvais dans la lecture des textes philosophiques une sorte d’apaisement. Dans la lecture qu’en font les philosophes le monde fait sens. La pensée sauve le monde du chaos et du désordre.
Mme Meryem Sebti est une philosophe marocaine, Directrice de recherche à l’équipe
Philosophie arabe au Centre Jean Pépin, affilié au CNRS
J’ai fait une Maîtrise de philosophie (actuel Master 1) à la Sorbonne. J’ai commencé à fréquenter l’École Pratique des Hautes Études alors que j’étais en Maîtrise. J’y ai suivi beaucoup de séminaires dont celui de Jean Jolivet qui était consacré aux philosophes dits « arabes », à savoir ces penseurs qui écrivaient en langue arabe mais qui n’étaient pas nécessairement « arabes » quant à leur ethnie.
C’est le cas par exemple de Abû Nasr Muhammad ibn Muhammad ibn Tarkhân ibn Uzalagh al-Fârâbî et d’Abû ‘Alî ‘Abdallah Ibn Sînâ qui étaient persans. La découverte de ces séminaires a été un
véritable choc intellectuel. La lecture suivie des textes de philosophie arabe telle que la pratiquait Jean Jolivet m’a passionnée. Ces philosophes proposaient une nouvelle synthèse de la pensée platonicienne et aristotélicienne. A partir de concepts grecs ils abordaient des questions proprement islamiques telles que la prophétie et l’angélologie, la question de la rétribution après la mort, celle du tawhîd…
Les études récentes, depuis une quinzaine d’années montrent l’influence massive d’Avicenne sur le cours de la théologie en islam. Al-Ghazâlî (m. 1111) ou Fakhr al-Dîn alRâzî (m. 1210), deux grands
théologiens ash’arites, bien que critiques à l’égard de la falsafa, ont été très influencé dans l’élaboration de leur pensée par la synthèse avicennienne.
J’avais pour rêve de devenir chercheuse c’est vrai. J’ai eu la chance de pouvoir réaliser ce souhait et de consacrer ma vie à l’étude de ce corpus philosophique arabe si riche.