Taux directeur, plan quinquennal, inflation… les conclusions du dernier Conseil de BAM
Ce mardi 19 décembre, le Wali de Bank AlMaghrib, M. Abdellatif Jouahri, a reçu comme à l’habitude la presse, à la suite de la tenue du Conseil de BAM le matinmême, qui a examiné l’évolution de la conjoncture économique tant au niveau national qu’international, ainsi que les prévisions macroéconomiques de la Banque.
À l’international, une diminution des pressions inflationnistes a été observée, due principalement aux politiques monétaires restrictives et à la baisse des prix de l’énergie, bien que la croissance économique ait ralenti en raison des tensions géopolitiques et de l’augmentation des incertitudes. Au Maroc, malgré les conséquences humaines graves du séisme d’Al Haouz, l’impact sur l’économie devrait rester limité. Par ailleurs, la mise en oeuvre de projets d’envergure laisse présager une relance de l’investissement et de l’activité économique à moyen et long termes.
Plus précisément, concernant l’inflation domestique, le
Conseil a noté un ralentissement notable, qui devrait se poursuivre. Après un pic à 10,1% en février, l’inflation est redescendue à 4,3% en octobre, avec une moyenne annuelle prévue de 6,1% pour 2023, contre 6,6% en 2022. Grâce à la réduction des pressions inflationnistes externes, aux effets des mesures fiscales de 2024 et à la décompensation graduelle, l’inflation devrait chuter à environ 2,4% en 2024 et 2025. Le Conseil a également observé que les anticipations d’inflation à moyen terme ont continué de diminuer et que l’effet cumulé des récentes hausses du taux directeur se répercute toujours sur l’économie réelle. En conséquence, le taux directeur actuel de 3% a été jugé approprié pour favoriser le retour à une inflation stable, et il a été décidé de le maintenir inchangé.
Sur les marchés des matières premières, les cours du pétrole restent volatils, avec des prix du Brent en baisse cette année et des prévisions à la baisse pour les prix du phosphate et dérivés. L’inflation devrait donc continuer à se modérer à moyen terme, tant aux États-Unis qu’en zone euro. Au niveau national, la valeur ajoutée agricole devrait s’améliorer, soutenue par une bonne production céréalière. Les activités non agricoles connaîtront également une croissance, entraînée par l’industrie et le BTP. Globalement, l’économie nationale devrait enregistrer une croissance progressive de 2023 à 2025. Le Wali de BAM a toutefois noté la nette dégradation du marché du travail, avec une progression du chômage de presque 2% et un recul du taux d’activité. Encore une fois, les jeunes sont largement les plus touchés.
Concernant les comptes extérieurs, les échanges de biens connaîtront une légère baisse en 2023, suivis d’une reprise. Les recettes voyages et les transferts des MRE devraient également augmenter. En revanche, le déficit du compte courant s’aggravera progressivement.
Les conditions monétaires ont connu une hausse, avec une augmentation des taux débiteurs et un besoin croissant de liquidité des banques. Le crédit au secteur non financier devrait connaître une décélération avant de s’accélérer en 2024 et 2025. Le taux de change effectif réel devrait également s’apprécier.
Sur le plan des finances publiques, une amélioration des recettes ordinaires a été constatée, avec une augmentation des dépenses globales. Le déficit budgétaire devrait se situer à 4,8% du PIB en 2023, puis diminuer progressivement. Pour ce qui est des réserves de change, M. Jouahri a relevé le fait que BAM envisage d’augmenter à 8% ses réserves de change vertes, estimées actuellement à 200 millions de dollars, mettant en exergue l’engagement de BAM à intégrer les préoccupations environnementales dans ses stratégies financières. Ainsi, il a abordé la nécessité pour le système bancaire marocain d’intégrer le changement climatique et le crédit vert dans ses opérations, impliquant une amélioration de la cartographie des risques pour faciliter le travail des banques dans ce domaine. Et d’insister sur la nécessité de se préparer aux éventuelles barrières commerciales imposées par les pays importateurs sur les produits ne répondant pas aux critères environnementaux, soulignant ainsi l’importance des investissements verts et de la préparation au changement dans le secteur bancaire marocain.
Enfin, le Conseil a adopté le plan stratégique de Bank AlMaghrib pour la période 20242028, approuvé le budget de la Banque pour l’exercice 2024, validé la stratégie de gestion des réserves de change ainsi que le programme d’audit interne et a arrêté les dates de ses réunions ordinaires.