Lutte contre les effets de la sécheresse, quel état des lieux au Maroc ?
Nizar Baraka, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, a mis en lumière, lors d'une séance à la Chambre des conseillers, les mesures d'urgence proactives adoptées face au déficit significatif des ressources hydriques du Maroc. Il a souligné l'importance de la collaboration de tous les acteurs pour une utilisation rationnelle de l'eau. Les principales stratégies du gouvernement, alignées sur la nouvelle feuille de route établie par le Roi Mohammed VI, se concentrent sur la construction accélérée de barrages, le dessalement de l'eau de mer, et la réutilisation des eaux usées. Baraka a insisté sur la nécessité de gérer la demande en eau, de stopper le gaspillage, d'améliorer l'efficacité et le rendement hydrique, notamment par des techniques d'irrigation au goutte à goutte, et de préserver la nappe phréatique pour l'agriculture durable, ainsi que de relier les bassins hydrauliques.
Le ministre a attribué le stress hydrique structurel du Maroc, exacerbé par les sécheresses successives, en grande partie au changement climatique. Il a noté que les températures ont augmenté de plus de deux degrés ces deux dernières années, entraînant une évaporation quotidienne moyenne de 1.500.000 mètres cubes d'eau des barrages. De plus, il a signalé une diminution de la moyenne annuelle des ressources hydriques, passant de 7.000.200.000 mètres cubes au cours de la dernière décennie à 5.000.200.000 mètres cubes entre 2017 et 2023.
Depuis septembre, une baisse de 67% des ressources hydriques a été enregistrée, avec seulement 500 millions de mètres cubes actuellement disponibles, affectant tous les bassins hydrauliques. Pour y remédier, le gouvernement a pris des mesures pour éviter le gaspillage et assurer une utilisation rationnelle de l'eau, y compris des coupures d'approvisionnement en eau dans certaines zones et à certaines heures si nécessaire.
Baraka a examiné la situation de plusieurs bassins, dont Bouregreg, actuellement à 19% de sa capacité, sauvé de la dégradation par le projet d'interconnexion avec le bassin de Sebou qui a ajouté 115 millions de mètres cubes d'eau. Il a également abordé le bassin d'Oum Er Rabia, avec un taux de remplissage des barrages de seulement 4,6%, et le barrage Al Massira, alimentant plusieurs régions, ne dépassant pas un taux de 1,2%. Le ministre a mentionné le dessalement de l'eau de mer par l'OCP pour faire face à la situation, avec 60% de l'eau potable de Safi provenant du dessalement, et un approvisionnement prévu à 100% pour El Jadida d'ici février. Il a souligné la construction d'une station de dessalement à Casablanca, prévue pour fournir 200 millions de mètres cubes en 2027, et des efforts supplémentaires dans la région de Jorf Lasfar, ainsi que l'utilisation de stations mobiles de dessalement.
Dans la région de Souss-Massa, la station de dessalement de Chtouka Ait Baha a réduit la pression sur les ressources hydriques. Cependant, le barrage d'Aoulouz ne fournit plus que de l'eau potable, l'approvisionnement en eau d'irrigation ayant été suspendu il y a trois semaines en raison de la baisse du niveau de l'eau.*