CAN23, du football mais pas que !
Enfin le football revient égayer quelque peu une actualité nationale on ne peut plus morose depuis le début de l’année. Plus que jamais, les espoirs de tout le peuple marocain reposent sur les épaules des membres de l’équipe nationale, des joueurs au staff technique. Plus que jamais la pression est élevée et la concurrence affutée. Le Maroc fait partie des favoris de la CAN 2023 et il en est conscient. Pour autant, rien n’est ni garanti ni écrit dans le football et les revers y sont fréquents, comme nous l’avons vécu pendant l’épopée du Qatar à notre bénéfice. Mais, au-delà des performances des Lions pendant cette compétition, au-delà de la première lecture de l’événement au niveau local, la tenue de la CAN23 en Côte d’ivoire mérite plus amples commentaires. D’abord, en tant que compétition africaine, la CAN est un révélateur de l’état des relations entre les peuples d’Afrique. Et, si la compétition, bien que suivie à l’international, n’est pas non plus un événement planétaire, elle constitue clairement pour tous les pays africains et leur population, un exutoire patriotique attendu voire l’occasion de se démarquer.
Ce qui s’y joue est donc bien plus qu’un enjeu sportif, et les rivalités ne serait-ce qu’entre les favoris de la compétition en témoignent amplement. L’Égypte, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie ne joueront-ils pas aussi en partie en tant que peuples arabes face aux autres équipes africaines ? Les Lions du
Sénégal et les Éléphants de Côte d’ivoire ne sont-ils pas en compétition pour être le meilleur représentant de l’Afrique de l’Ouest ? En réalité, la quasi-totalité des duels de la compétition portent des enjeux géopolitiques autant que footballistiques.
Dans ce contexte, le Maroc joue gros. Parce qu’au-delà des duels, du statut de favori et des ambitions des Lions de l’Atlas, notre équipe nationale et nos supporters sont pour un temps encore, sous la loupe des projecteurs et représentent notre pays aux yeux du monde.
Dans la lignée des engagements et des moyens déployés par le Maroc pour le co-développement en Afrique, dans de nombreux secteurs de la banque à l’immobilier, mais aussi de la stratégie atlantique du
Royaume tracée par le Roi Mohammed VI, le pays a une image à consolider autour de la fraternité africaine. Tout cela n’est pas anodin lorsqu’on sait à quel point l’attitude diplomatique de la France a été pointée du doigt par les pays africains et l’impact que cela a eu sur la place de Paris dans l’échiquier politique mais aussi économique, culturelle, linguistique en Afrique.
Tout comme notre équipe nationale doit faire preuve d’humilité pour sortir de cette phase de poules, le Maroc a beaucoup à gagner de pouvoir se targuer de bénéficier de l’amitié des autres pays africains au-delà du football. A contrario, tout peut basculer rapidement à l’heure des réseaux sociaux, comme en témoigne le « bad buzz » monumental qu’a connu une supportrice algérienne qui comparait l’état économique de la Cote d’ivoire avec l’Algérie et qui prétendait d’ailleurs, certainement avec humour et ironie, que celle-ci se situait plutôt entre le Portugal et l’Espagne.
Même si cette supportrice ne représente qu’elle-même, son anecdote évoque des tabous qu’il serait grand temps d’assumer, au risque qu’ils empirent. Le racisme n’est pas seulement à sens unique, il se nourrit aussi des disparités économiques et de développement y compris en Afrique. Le glissement vers un sentiment de supériorité sous prétexte qu’un pays, une population, a atteint un niveau plus avancé qu’un autre, est le premier pas vers un sentiment proche du colonialisme, pourtant constamment dénoncé de ce côté de l’humanité, des maghrébins aux subsahariens, tout africain confondu.
Pour toutes ces raisons, les valeurs ancestrales de tolérance, d’hospitalité et de fraternité de notre pays sont les racines qu’il faut arroser et une contribution à une Afrique qui se présente au moins unie au reste du monde.