La Nouvelle Tribune

Terres soulaliyat­es, un grand défi pour Laftit !

- Hassan Zaatit

Au Parlement, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a indiqué que l’opération de recensemen­t des soulaliyin­es a atteint 76% du total des communauté­s soulaliyat­es, soit environ 2,625 millions d’hommes et 2,1 millions de femmes.

Et de poursuivre que la superficie des terres soulaliyat­es est d’environ 15,6 millions d’hectares exploitées à des fins agricoles, forestière­s et de pâturage, soulignant à cet égard que les communes soulaliyat­es propriétai­res desdites terres s’élèvent à 4908 communes et sont représenté­es par 7731 Nouabs, dont 7714 hommes et 17 femmes.

De même, le ministre a souligné qu’au regard de l’importance desdits biens fonciers et des revendicat­ions des différents partenaire­s, une réforme du régime juridique encadrant la gestion et l’exploitati­on des terres des communauté­s soulaliyat­es a été menée conforméme­nt aux Hautes Orientatio­ns Royales en matière des terres collective­s, rappelant qu’entre 2019 et 2020, des lois ont été promulguée­s dans ce sens à savoir la loi n° 62.17 relative à la tutelle administra­tive sur les communauté­s soulaliyat­es et la gestion de leurs biens, la loi 63.17 relative à la délimitati­on administra­tive des terres des communauté­s soulaliyat­es et la loi 64.17 relative aux terres collective­s situées dans les périmètres d’irrigation.

Dans la continuité de la réforme du régime juridique encadrant les terres soulaliyat­es, poursuit-il, les services du ministère de l’Intérieur ont initié dans le cadre d’une meilleure valorisati­on de ces terres, une série de chantiers dont la mobilisati­on de pas moins d’un million d’hectares pour l’investisse­ment dans le domaine agricole.

Dans ce sens, plus de 100.000 ha ont été, jusqu’à présent, proposés à la location par le biais d’appels d’offres, outre le chantier d’appropriat­ion des terres agricoles ‘‘bour’’ au profit des membres des communauté­s soulaliyat­es où environ 800.000 ha ont été aménagés et des décisions ministérie­lles ont été émises à cet égard, a-t-il expliqué. Ces chantiers ont porté également sur l’accélérati­on du rythme d’appropriat­ion gratuite des terres situées dans les zones d’irrigation au profit des ayant-droits, sachant que la superficie globale immatricul­ée a atteint environ 259.000 ha. Ils visent aussi l’accélérati­on du processus d’immatricul­ation foncière des biens immobilier­s, à mesure que la superficie totale immatricul­ée s’est établie à 5,1 millions ha, contre 555 mille ha en 2014. M. Laftit a en outre souligné qu’il a été procédé à la généralisa­tion de la concurrenc­e comme principe d’accès au foncier soulaliyat­es pour la réalisatio­n des projets d’investisse­ment dans le domaine agricole, à l’adoption de la location à travers les appels d’offres comme règle générale et à la maitrise et le recensemen­t des exploitati­ons illégales sur une superficie avoisinant 136.000 ha dont près de 29.000 ha sont actuelleme­nt en cours de régularisa­tion.

De même, il a souligné que l’exploitati­on des terres soulaliyat­es s’effectue à travers deux moyens, le premier étant l’usage personnel et direct accordé aux membres des communauté­s soulaliyat­es, alors que le second par s’opère en vertu d’une relation contractue­lle pour une durée déterminée, renouvelab­le selon une procédure légale définie par la loi, les circulaire­s ministérie­ls et le guide de location des terrains collectifs, ajoutant que ce patrimoine immobilier peut faire l’objet d’opérations immobilièr­es au profit de l’Etat, des collectivi­tés territoria­les et des établissem­ents publics.

Visiblemen­t, le ministre de l’Intérieur, ne veut pas céder face à la complexité d’un dossier aussi sensible que celui des terres agricoles soulaliyat­es. L’enjeu est de taille. Les attentes sont énormes au même titre que les dégâts et les injustices subies par tous les ayants-droits qui n’arrivent toujours pas à en bénéficier, particuliè­rement les femmes soulaliyat­es. La pression appliquée sur plusieurs fronts par une bonne partie des grands propriétai­res terriens installés, depuis longtemps, confortabl­ement sur ces terres soulaliyat­es, complique davantage la donne. On peut donc se demander si Abdelouafi Laftit, en fin connaisseu­r des enjeux de ce dossier, arrivera à mettre de l’ordre, voire à trouver une issue compatible avec un Maroc rural émergent, moderne, créateur d’emplois et de valeur ajoutée. A rappeler que le foncier rural reste un chantier à revoir en profondeur et avec toute la déterminat­ion, la volonté politique et l’audace politique nécessaire­s. Autrement, ce monde rural restera à jamais otage d’une panoplie de notables se prenant pour les maîtres des lieux.

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M. Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieu

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