Politique : On fait le bilan, calmement…
L’année est à peine entamée qu’il est déjà l’heure des bilans. Après celui amer de l’élimination prématurée des Lions de l’Atlas et des choix tactiques de l’entraineur, reconduit depuis dans ses fonctions, c’est au tour de nos représentants, parlementaires et ministres, de tirer quelques conclusions de leurs actions.
Alors que la Chambre des représentants s’approche de la clôture de la première session de l’année législative 2023-2024, le Chef du Gouvernement et ses ministres ont été mis sur le grill et ont répondu présents à l’exercice de reddition des comptes demandé, qui intervient d’ailleurs quasiment à mimandat de la coalition emmenée par Aziz Akhannouch. Et ce qui en ressort du point de vue du citoyen spectateur, c’est que les chantiers ne manquent pas et que le Gouvernement
ne chôme pas. Les réformes lancées sont objectivement nombreuses et ambitieuses, de l’éducation à la protection sociale, en passant par la grande réforme de la Moudouwana attendue pour cette année, celle de la santé, la régionalisation, la politique hydrique… D’ailleurs, tous les ministres ont applaudi en coeur le rapport de la Cour des comptes présenté en séance plénière pour la période 2022-2023, en insistant sur leur bilan respectif face au cahier des charges des réformes en cours. A titre d’exemple, la réforme de la protection sociale est une révolution en soi, tant ses imbrications sont tentaculaires : réduire la pauvreté, combattre toutes les formes de précarité, soutenir le pouvoir d’achat des familles, généraliser l’assurance maladie obligatoire, les allocations familiales et l’indemnisation de la perte de l’emploi et élargir le système de retraite…
Dans l’histoire récente du pays, rares ont été les périodes où chaque ministère a eu sur les bras un mandat de réforme aussi structurel pour le Maroc, et le sentiment qui s’en dégage est que toute l’équipe gouvernementale est sous les feux des projecteurs. Bien sûr, la récupération politique voudra attribuer ce momentum à la composition même de la coalition élue et issue des derniers résultats des urnes électorales. Surtout que les partis politiques vont tenir leurs traditionnels congrès et autres réunions, et que la politique politicienne sera forcément de mise. En réalité, c’est une ambition pour le Maroc qui dépasse les velléités et clivages partisans. Il s’agit de porter le pays à un nouveau pallier de développement, en tenant compte des recommandations des grands partenaires internationaux comme le FMI ou la Banque mondiale. Mais aussi, de projeter le Royaume dans le monde de demain qui nécessite des expertises, un meilleur niveau de vie global pour la population, des capacités énergétiques nouvelles et une attractivité mondiale. Les sillons de ces chantiers devront être labourés, quels que soient les partis politiques aux manoeuvres, ils sont désormais trop profonds pour être contournés ou détournés.
D’autant que tout n’est pas si rose avec la pandémie, l’inflation, le séisme destructeur, les guerres, la sécheresse historique, mais aussi les scandales de corruption et de trafic en tous genres qui touchent jusqu’aux rangs de nos parlementaires. Tout cela tend à démontrer que le Maroc est au milieu du gué, et qu’il doit tout faire pour ne pas y rester.