Comment les pays à revenu intermédiaire peuvent-ils assurer leur développement ?
La Conférence ministérielle de haut niveau sur les pays à revenu intermédiaire, qui s’est déroulée à Rabat ces lundi et mardi, a réuni des participants de 32 pays, y compris à un niveau ministériel élevé, ainsi que 23 agences de développement des Nations Unies et diverses autres institutions internationales et régionales. Cette conférence, organisée par le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger en collaboration avec la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique et le Programme des Nations Unies pour le Développement, s’est focalisée sur « Solutions aux défis du développement des Pays à Revenu Intermédiaire dans un monde en mutation ». Elle devait également souligner l’engagement du Maroc, en faveur d’un multilatéralisme efficace et d’une solidarité internationale, tout en maintenant sa présidence du Groupe des Amis des pays à revenu intermédiaire au sein des Nations Unies depuis 2023.
Les discussions initiales de la conférence ont porté sur des thèmes comme la coopération Sud-Sud et triangulaire, le financement du climat, les sources de financement innovantes et le piège du revenu intermédiaire. Le segment ministériel doit d’approfondir le dialogue sur les défis et opportunités des pays à revenu intermédiaire, avec des contributions de représentants de commissions économiques régionales des Nations Unies.
La conférence ambitionne d’explorer de nouvelles approches pour stimuler la coopération en faveur des pays à revenu intermédiaire, et voit la participation de la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina J. Mohammed, et de la Présidente de l’ECOSOC, Paula Narváez Ojeda, entre autres dignitaires. Les discussions visent à créer une vision commune pour le développement de ces pays, soulignant leur rôle crucial dans l’économie mondiale.
Amina J. Mohammed a souligné l’importance de cette conférence pour articuler une vision commune des priorités de développement, mettant en avant le rôle des pays à revenu intermédiaire comme moteurs de la croissance mondiale. « Les PRI qui représentent près du tiers du PIB mondial sont les principales locomotives de la croissance mondiale », a-t-elle affirmé, précisant que chacun d’entre eux est confronté à des défis uniques qui exigent des solutions innovantes. En effet, les mesures traditionnelles de la réussite ne permettent pas de saisir efficacement la diversité des expériences et des contextes de développement dans les pays à revenu intermédiaire, a estimé la responsable onusienne. Les défis nuancés auxquels ces pays sont confrontés nécessitent des solutions adaptées, qui reposent sur trois piliers, a-t-elle ajouté. Il s’agit dans un premier temps du financement du développement dans les PRI pour répondre à leurs besoins en la matière, a précisé Mme J. Mohammed. Il est également question de la réforme de l’architecture financière internationale pour leur permettre d’exprimer pleinement leurs points de vue et refléter leur véritable poids économique, a-telle poursuivi. Le troisième pilier, a-t-elle dit, concerne l’intégration de mesures de progrès en matière de développement durable qui vont au-delà du PIB, qui demeure une mesure de développement peu soucieuse de l’égalité, de la résilience ou de la durabilité et qui minimise la diversité que l’on trouve dans les pays à revenu intermédiaire et les défis importants auxquels ils sont confrontés.
Nasser Bourita, ministre des affaires étrangères, a de son côté affirmé que « les Pays à Revenu Intermédiaire sont le baromètre de l’état du développement durable dans le monde ». Il a qualifié ces nations de « classe moyenne de la société internationale », soulignant leur importance dans l’équilibre économique global. Le ministre a mis en lumière leur dynamisme démographique, leur diversité, et leur rôle comme leviers de la paix et de la stabilité régionales et internationales. « Ces pays incarnent quelques-unes des plus belles réussites économiques et des expériences les plus inspirantes de progrès », a-til déclaré, soulignant leur capacité à inspirer le monde entier dans un contexte international complexe.
Il a souligné les défis similaires auxquels sont confrontés ces pays, notamment la stagflation et un fardeau croissant de la dette qui entrave leur marche vers les objectifs de développement durable. Bourita a appelé à « une coopération renforcée pour surmonter ces obstacles », affirmant que « les Pays à Revenu Intermédiaire doivent être perçus non pas comme un ‘sous-groupe’, mais comme un ensemble cohérent et dynamique, représentant une part significative du PIB mondial et de la population globale ». ?asser Bourita a également invité à « réimaginer les paradigmes de coopération et de partenariat », insistant sur l’importance de projets structurants et novateurs qui reflètent les intérêts et défis communs. « Notre ambition doit être de transcender le ‘piège à revenu intermédiaire’ par la stabilité politique, le progrès économique et la prospérité sociale », a-t-il conclu, appelant à une action collective pour réaffirmer le rôle central des pays à revenu intermédiaire dans l’architecture économique et politique mondiale.