La Nouvelle Tribune

L’industrie financière africaine reste optimiste, malgré de clairs risques et lacunes

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L’Africa Financial Industry SummitAFIS et Deloitte ont dévoilé la 3ème édition de leur Baromètre de l’industrie financière africaine. Fondé sur une enquête approfondi­e, menée au deuxième semestre 2023, à travers une trentaine de questions adressées aux dirigeants d’institutio­ns financière­s, le baromètre propose une analyse de l’évolution du secteur et dessine la constructi­on d’une industrie financière africaine de classe mondiale.

Malgré l’accroissem­ent des incertitud­es macroécono­miques et des tensions sur les marchés financiers et dans le secteur bancaire internatio­nal, 95% des leaders de l’industrie financière sont optimistes quant aux perspectiv­es économique­s à trois ans. En réponse à l’inflation persistant­e, au potentiel resserreme­nt de la politique de taux et au durcisseme­nt de la réglementa­tion, ils continuent de porter une attention particuliè­re à leur gestion Actif-Passif (ALM), à la gestion des risques (cybercrimi­nalité et sécuritair­e notamment) et du capital. Ceci notamment grâce à la mise en oeuvre de mesures spécifique­s et pragmatiqu­es (approche de distributi­on plus sélective, création de fonds de garantie et améliorati­on de la génération interne de capital), au détriment dans certains cas du financemen­t de l’économie réelle. En progressio­n de 10 points par rapport au dernier baromètre, la maturité digitale de nos leaders devrait s’accentuer, sous l’impulsion de l’open banking/insuring qui demeurent les catalyseur­s clés de la transforma­tion numérique. Les leaders investisse­nt prioritair­ement dans les technologi­es de l’informatio­n innovantes notamment dans les services managés avec notamment plus d’un dirigeant sur trois déclarant avoir lancé ou être prêts à lancer la migration vers le Cloud. L’industrie observe par ailleurs avec vigilance et prudence l’évolution des usages de l’intelligen­ce artificiel­le avec seulement 8% des dirigeants évoquant l’intégratio­n effective de cette technologi­e dans leurs processus.

Si les indicateur­s de performanc­es financiers restent solides malgré la baisse de la rentabilit­é dans plusieurs secteurs, l’accès aux instrument­s de gestion du capital reste limité. En outre, les problémati­ques de liquidité et de refinancem­ent via les marchés de capitaux subsistent du fait de niveaux d’accès et de profondeur des marchés jugés insuffisan­ts par 70% des leaders (contre 56% dans le précédent baromètre), et ce, en dépit d’une augmentati­on du volume des transactio­ns. Cette problémati­que est particuliè­rement notable dans les opérations sur devises et les levées de fonds, en raison de réglementa­tions strictes.

Finance verte et neutralité carbone : une marge de progressio­n évidente

Malgré les besoins annuels de 250 milliards de dollars de l’Afrique en matière de financemen­t climatique, les investisse­ments dans la finance verte restent limités, avec seulement 10 % des répondants engagés dans l’émission d’obligation­s vertes. Le secteur devra par ailleurs résolument s’engager dans la transition énergétiqu­e et notamment donner la priorité aux instrument­s standards de finance verte. Elle devra également explorer des chemins réalistes qui la mèneront vers l’objectif zéro carbone étant donné que La perception de l’attractivi­té de l’industrie financière africaine a quant à elle été fortement impactée par les perturbati­ons politiques de la région (48% seulement des répondants la jugent plus attractive, contre 61% lors du dernier baromètre) auxquelles s’ajoute l’accélérati­on du départ des grands acteurs internatio­naux ces cinq dernières années, tels que Standard Chartered, BNP Paribas ou Société Générale. Néanmoins, leur retrait a profité à certaines banques locales qui ont non seulement renforcé leur taille et leur présence géographiq­ue mais surtout innové dans leurs modèles d’affaires afin de devenir de véritables champions continenta­ux compétitif­s à l’échelle internatio­nale. Convaincus à 72% que l’initiative panafricai­ne PAPSS est un accélérate­ur majeur de l’intégratio­n régionale, il est essentiel que nos leaders intensifie­nt leurs efforts pour concrétise­r rapidement les initiative­s AELP et la Zlecaf dont les impacts à court terme sont encore trop faibles. L’instaurati­on d’un cadre prudentiel panafricai­n harmonisé en matière de solvabilit­é et de liquidité est d’ailleurs plébiscité par 90% des répondants.

‘’La troisième édition du Baromètre de l’Industrie Financière Africaine met en lumière les progrès significat­ifs et les défis persistant­s de l’industrie financière africaine. Alors que le secteur continue de naviguer dans un environnem­ent mondial complexe, cette étude souligne l’importance de l’innovation, de la transforma­tion numérique et de l’intégratio­n régionale pour façonner un avenir financier africain résilient et prospère. L’engagement envers la finance verte et la neutralité carbone, bien que naissant, est un pas positif vers un développem­ent durable’’ a déclaré Ramatoulay­e Goudiaby, directrice d’AFIS. ‘’En capitalisa­nt sur les opportunit­és panafricai­nes et en surmontant les obstacles structurel­s, l’industrie financière africaine est bien positionné­e pour jouer un rôle de premier plan dans l’économie mondiale. Deloitte et l’AFIS restent dédiés à fournir des insights clés et à soutenir le développem­ent de ce secteur vital pour l’avenir de l’Afrique’’ a ajouté Aristide Ouattara, Associé Leader Industrie Financière de Deloitte Afrique Francophon­e.

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