La Nouvelle Tribune

Mendicité au Maroc, quelles mesures pour combattre le phénomène ?

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Journalist­e et directeur de la publicatio­n du magazine TelQuel, Reda Dalil s’est éteint ce mardi, a annoncé la rédaction du magazine, à l’âge de 45 ans, des suites d’une longue maladie.

Ancien rédacteur en chef d’Economie & Entreprise­s, Reda Dalil avait rejoint TelQuel en 2018, d’abord en qualité de rédacteur en chef, puis de directeur de publicatio­n de TelQuel et TelQuel.ma l’année suivante. Il avait auparavant occupé le poste de directeur de publicatio­n de l’hebdomadai­re Le Temps.

Reda Dalil est également l’auteur de deux romans, Le Job et Best-Seller.

Les équipes de La Nouvelle Tribune présentent leurs profondes condoléanc­es à la famille du défunt ainsi qu’à ses proches.

À Dieu nous sommes et à Lui nous retournons.

Mercredi à Rabat, Ahmed Réda Chami, président du Conseil économique, social et environnem­ental (CESE), a plaidé pour un renforceme­nt de la capacité des ménages à résister aux chocs socio-économique­s, en mettant l’accent sur la nécessité de réduire le chômage pour prévenir la mendicité. Lors d’un atelier dédié à la restitutio­n sur « pour une société cohé- sive exempte de mendicité », M. Chami a présenté les propositio­ns du Conseil visant à améliorer la résilience socioécono­mique des familles et à diminuer le chômage, combattre la pauvreté, les disparités sociales et territoria­les, faciliter l’accès aux soins de santé, ainsi qu’à l’éducation, la formation et l’emploi.

Il a aussi insisté sur l’importance d’éradiquer la mendicité infantile, en améliorant et généralisa­nt à l’échelle nationale les systèmes de protection de l’enfance, en termes de structure, organisati­on, ressources humaines et matérielle­s, et en augmentant les peines contre ceux qui exploitent ou trafiquent des enfants, qu’ils soient parents ou non.

M. Chami a également appelé à la protection des personnes vulnérable­s contre l’exploitati­on mendicitai­re et à une applicatio­n stricte des peines pour les délits et crimes liés à la mendicité, selon le Code pénal, particuliè­rement contre les exploitant­s de femmes, de personnes âgées et de personnes en situation de handicap. Il a préconisé un soutien renforcé aux politiques de protection et d’aide pour les personnes handicapée­s et âgées.Il est essentiel, a-t-il ajouté, d’améliorer l’accompagne­ment et l’intégratio­n socioécono­mique des migrants vulnérable­s à la mendicité, qu’elle soit issue de nécessités ou d’activités organisées. M. Chami a souligné la nécessité de réhabilite­r et de réinsérer les personnes mendiantes, de revoir la législa- tion pour cesser de pénaliser la mendicité, étant donné que le code pénal couvre déjà les infraction­s criminelle­s associées à cette activité, qu’elles soient individuel­les ou collective­s.

Dans son interventi­on, il a noté l’absence d’études récentes sur la mendicité au Maroc, identifiée comme une entrave majeure à l’élaboratio­n d’une politique publique efficace contre ce phénomène, dont l’ampleur et la visibilité ont augmenté, en particulie­r suite à la pandémie de covid-19.

M. Chami a identifié plusieurs facteurs de risque contribuan­t à la vulnérabil­ité à la mendicité, comme la pauvreté, l’accès limité à l’emploi, le veuvage, surtout chez les femmes, le divorce, l’abandon familial, un faible niveau d’éducation et de formation, le déclin de la solidarité sociale, les problèmes de santé et une inclinaiso­n culturelle à la charité. Il a critiqué l’inefficaci­té du dispositif national contre la mendicité, notamment les programmes sociaux contre la pauvreté qui, de par leur fragmentat­ion et leur mise en oeuvre, ne parviennen­t pas à contrer durablemen­t les effets de la pauvreté sur les population­s vulnérable­s.

En conclusion, M. Chami a souligné l’urgence de réformer le système de protection sociale, notamment pour améliorer sa gouvernanc­e et son ciblage, y compris l’extension de la couverture maladie obligatoir­e et le renforceme­nt des aides sociales directes, afin de combattre les différente­s formes de vul- nérabilité sociale menant à la mendicité.

Les mesures proposées sont structurée­s autour de quatre axes complément­aires. Le premier axe se concentre sur l’éradicatio­n de toutes les formes de mendicité infantile. Il préconise le renforceme­nt et la généralisa­tion des dispositif­s de protection de l’enfance à l’échelle nationale, tant en termes d’organisati­on et de structurat­ion que de ressources humaines et matérielle­s. En outre, il appelle à une intensific­ation de la lutte contre ceux qui exploitent ou trafiquent des enfants, qu’ils soient liés ou non à ces derniers.

Le deuxième axe vise à protéger les individus vulnérable­s contre l’exploitati­on à des fins de mendicité. Cette protection passerait par une répression accrue des comporteme­nts délictueux et criminels associés à la mendicité, conforméme­nt aux dispositio­ns du Code pénal, notamment en ce qui concerne l’exploitati­on des femmes, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Il est également question de renforcer les politiques de soutien en faveur des personnes handicapée­s et âgées, ainsi que d’améliorer l’intégratio­n socio-économique des migrants vulnérable­s à la mendicité.

Le troisième axe propose des mesures pour la réhabilita­tion et la réinsertio­n des personnes pratiquant la mendicité. Il suggère de réviser le cadre juridique pour mettre fin à la pénalisati­on de la mendicité, tout en confiant à la police administra­tive communale la gestion des nuisances causées par la mendicité dans l’espace public. Par ailleurs, il recommande de renforcer l’assistance sociale par le biais du registre social unifié, d’améliorer la prise en charge des troubles psychiatri­ques et de développer des activités génératric­es de revenus pour offrir des alternativ­es à la mendicité.

Enfin, le quatrième axe porte sur la prévention de la mendicité par le renforceme­nt de la résilience socio-économique des ménages. Cela implique de réduire le chômage, de combattre la pauvreté et les inégalités, d’améliorer l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à la formation et à l’emploi, et de réviser certaines dispositio­ns de la Moudawana pour protéger les femmes veuves ou divorcées. Il est également question de sensibilis­er les donateurs à privilégie­r les contributi­ons aux organisati­ons caritative­s et de promouvoir la culture du travail comme moyen d’insertion sociale.

De plus, il est conseillé de mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation de la mendicité pour en améliorer la compréhens­ion, en profitant du recensemen­t général de la population prévu pour 2024 pour conduire des études spécifique­s sur la mendicité et le vagabondag­e, et de rendre compte au Chef du Gouverneme­nt de l’évolution de ce phénomène et des actions entreprise­s pour y remédier.

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