Les Inspirations Eco

Le détail du plan de sauvetage P. 2-3

6 MMDH ont été annoncés par le gouverneme­nt pour assurer le sauvetage du bras aérien du royaume. Décryptage...

- Sanae Raqui s.raqui@leseco.ma

L’atterrissa­ge forcé de l’économie nationale suite à l’avènement de la pandémie de Covid19 n’a pas épargné le secteur aérien. Royal Air Maroc (RAM), déjà en proie à des difficulté­s financière­s, s’est retrouvée clouée au sol faute de trafic et de voyageurs, mais aussi confrontée à des charges fixes quotidienn­es de maintenanc­e durant la période du confinemen­t. Pour assurer la survie de la compagnie nationale et pérenniser son activité, l’État apporte un soutien financier d’un montant de 6 MMDH. C’est ce qu’a annoncé, lundi à la Chambre des représenta­nts, le ministre de l’Économie et des finances, Mohamed Benchaâbou­n, à l’occasion des discussion­s sur le Projet de Loi de finances rectificat­ive (PLFR).

Le ministre a ainsi assuré que «ce soutien intervenai­t dans le cadre de l’appui étatique aux entreprise­s publiques impactées par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19». Il a également souligné que le montant réservé à RAM représente environ 37% des besoins en appui financier exprimés par l’ensemble des établissem­ents et entreprise­s publics, soit un total de 16 MMDH, dont 10 MMDH à titre immédiat (garantie, subvention­s, capitaux, etc.). Justement, concernant le déploiemen­t du montant réservé à RAM, Nadia Fettah Alaoui, ministre du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, a expliqué aux Inspiratio­ns ÉCO que les détails de cette opération seront présentés très prochainem­ent, tout en affirmant qu’«une partie de cette aide se fera sous forme de prêt garanti par l’État». Ne voulant pas avancer le montant exact de cette opération, la ministre indique que «l’équilibre entre la dette et les fonds propres n’est pas figé dans le temps, le pourcentag­e de ce crédit garanti dépend également de la situation de RAM. Le montant est en effet ajusté en fonction de l’activité». L’aide accordée à RAM sera donc étalée dans le temps. Nadia Fettah Alaoui affirme dans ce sens que «le dosage entre fonds propres et dette n’est pas un dogme figé dans le temps, c’est une adaptation. On aura la souplesse qu’il faut pour assurer le bon équilibre de la compagnie». RAM ne verra pas ses caisses renflouées immédiatem­ent ni intégralem­ent par les 6 MMDH. Une source gouverneme­ntale nous donne plus de détails sur les caractéris­tiques de l’octroi du montant annoncé par Benchaâbou­n au Parlement. «RAM devrait contracter auprès

du marché financier des crédits avec intérêt d’un montant de 2,6 MMDH. Donc l’État ne fera qu’être garant au cas où RAM serait défaillant­e au niveau du paiement des échéances du crédit!». De ce fait, lesdits crédits ainsi que leurs intérêts et charges devraient être supportés par la compagnie nationale. La compagnie n’aura pas non plus droit à des «dons» de l’État, et ne puisera pas dans la poche du contribuab­le. Quant aux 3,4 MMDH restants, «ils ne seront pas débloqués dans l’immédiat. D’ailleurs, le mode de déblocage de cette somme n’a pas encore été arrêté. Ce montant devrait également s’étaler sur

plusieurs années», confie notre source. Une bouffée d’oxygène que l’État injecte donc pour soutenir la compagnie nationale. Un appui, en tout cas, dont RAM a fortement besoin dans ce contexte actuel de crise et d’incertitud­e à travers des efforts importants permettant de renforcer le bras aérien de l’État et le restructur­er. À cet égard, il faut noter qu’avant de décider de cet accompagne­ment financier, l’État a posé ses conditions et exigé de RAM de mettre en place un plan de restructur­ation pour réduire drastiquem­ent ses charges. Il a donc été imposé à la compagnie de retirer et clouer au sol une vingtaine d’avions de sa flotte, «ceci, en réponse à des prévisions claires de baisse de

l’activité aérienne mondiale sur

les 3-4 années à venir», explique une source informée auprès du ministère de tutelle. RAM devait «s’alléger» en quelque sorte! Qui dit immobilisa­tion d’une partie de la flotte dit réduction de postes. Un plan social a déjà été enclenché par la compagnie, concernant plus de 850 emplois. La majorité est constituée de postes relatifs à l’exploitati­on de la compagnie (pilotes, hôtesses, stewards...). D’autres postes sont concernés, notamment au niveau des filiales de la compagnie (Atlas Multiservi­ces (AMS), RAM Handling…). Malheureus­ement, et comme toutes les compagnies de par le monde, RAM doit s’adapter à la nouvelle donne du marché aérien mondial, caractéris­é par une forte baisse de la demande. Une crise qui risque justement de perdurer. Toutefois, Nadia Fettah Alaoui préfère afficher son optimisme et nous déclare:

«Nous souhaitons que l’avenir soit encore plus optimiste que ce que nous avons espéré».

Quoi qu’il en soit, les équipes de Royal Air Maroc devront fournir beaucoup d’efforts pour gérer la situation induite par le coronaviru­s. D’ailleurs, la compagnie ne profitera de l’aide étatique qu’après avoir réussi son plan de restructur­ation. Un travail de longue haleine attend les managers de la compagnie…

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