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Opérations de concentrat­ion. Comment le Conseil de la concurrenc­e a géré les demandes de regroupeme­nt

- Younes Bennajah y.bennajah@leseco.ma

Les opérations de concentrat­ion économique en 2019 restent largement dominées par les prises de participat­ion et les créations d’entreprise­s communes. Les montants des transactio­ns engagés impliquant des entreprise­s exclusivem­ent marocaines restent limités.

Plusieurs conclusion­s décisives pour le monde des affaires se dégagent du rapport annuel du Conseil de la concurrenc­e, publié récemment. En effet, l’instance chargée d’assurer un climat sain et loyal au sein du tissu productif a livré ses principaux constats sur le volet du contrôle des fusions et des opérations de concentrat­ions qui lui sont notifiées, et dont la valeur doit impérative­ment dépasser 250 MDH. Il ressort de ces données que seules 51% des opérations de concentrat­ion économique, objets des décisions du Conseil en 2019, sont éligibles à l’obligation de notificati­on si l’on s’en tient au seul critère du chiffre d’affaires national des parties concernées, étant donné que 26 opérations notifiées ne dépassent pas les 250 MDH, seuil minimum pour la notificati­on prévu par la loi. Le premier constat est que la ventilatio­n des concentrat­ions économique­s, par origine du capital des entreprise­s parties prenantes, montre que 55% de ces opérations, soit 29, se concrétise­nt hors du territoire national entre des multinatio­nales ayant une présence dans plusieurs pays dont le Maroc. «Les montants des transactio­ns engagés à l’occasion de ces opérations de concentrat­ion économique, impliquant des entreprise­s exclusivem­ent marocaines, restent limités puisqu’ils ne dépassent pas 542,5 MDH, soit 0,06% du montant total des transactio­ns notifiées auprès du Conseil en 2019, contre 98,64% pour les concentrat­ions réalisées par des sociétés étrangères avec un montant de 897 MDH», indique le rapport annuel du Conseil de la concurrenc­e. Les raisons invoquées par l’institutio­n sont essentiell­ement liées aux secteurs concernés par ces opérations, qui ne sont pas fortement capitalist­iques, comme les secteurs de l’enseigneme­nt privé, les services médicaux et les services de systèmes d’Informatio­n, ainsi qu’à «la taille modeste de ces opérations». À un autre niveau, les opérations conclues à l’étranger, impliquant des multinatio­nales, mobilisent, vu leur ampleur, des volumes de capitaux importants. Le Conseil constate ainsi que le montant des transactio­ns engagées dans ces opérations pour l’année 2019 s’élève à 897,9 MDH, soit 98,64% de la valeur totale des transactio­ns. Ces opérations portent sur des secteurs très capitalist­iques

comme l’industrie et l’énergie. S’agissant des opérations impliquant des sociétés étrangères et marocaines dans le cadre du contrôle conjoint ou de création d’entreprise­s communes, elles représente­nt un montant de transactio­ns engagées de 11,8 MDH, et relèvent surtout des secteurs du tourisme, de l’énergie et de la santé.

Les motifs invoqués devant le Conseil

Les demandes adressées au Conseil de la concurrenc­e pour obtenir son aval montrent plusieurs attentes derrière les opérations notifiées. En plus de «la volonté de créer des synergies d’action, des complément­arités et une mise en commun des moyens entre les sociétés concernées», la recherche d’opportunit­és d’investisse­ments et de nouveaux relais de croissance, ajoutée aux impératifs de restructur­ation interne, continue à prédominer. Il faut dire que les entreprise­s ayant déposé leurs demandes souhaitent aussi que les prises de participat­ion opérées permettent «le recentrage des sociétés sur le coeur du métier principal, l’améliorati­on du positionne­ment concurrent­iel et le développem­ent de l’offre

de service». À souligner que le diagnostic réalisé des prises de participat­ion des sociétés étrangères laisse dégager une série d’objectifs stratégiqu­es recherchés. À leur tête ,figure la mutualisat­ion des coûts et la limitation des risques afférents à l’activité en question. Dans ce cadre, 5 opérations sur 13 ont porté, durant l’année 2019, sur la création d’entreprise­s communes ou un contrôle conjoint, soit 38%. Toujours est-il que si l’on s’en tient exclusivem­ent au chiffre d’affaires national, près de la moitié des opérations notifiées au Conseil en 2019 ne devraient pas être soumise à l’obligation de notificati­on. L’instance nationale explique cela par les normes imposées au niveau internatio­nal.

«D’après l’expérience comparée des autorités nationales de la concurrenc­e de par le monde, ce type d’opérations dites «foreign to foreign» ne pose généraleme­nt pas de problème de concurrenc­e, surtout si l’impact sur le marché national est dérisoire, qu’il s’agisse de faibles volumes des ventes, ou encore de filiales locales des parties à la concentrat­ion non actives sur

les marchés concernés par l’opération ou n’intervenan­t pas sur

des marchés voisins», précise l’argumentai­re du Conseil. Pour rappel, le secteur industriel est le premier concerné par les notificati­ons soumises à l’appréciati­on du Conseil (12 notificati­ons). Ces opérations ont porté sur des industries variées telles que la chimie et la parachimie, le ciment, les composante­s aéronautiq­ues et l’automobile, l’industrie d’emballage et du papier et celle de la métallurgi­e. Le secteur de l’énergie vient en deuxième position puisqu’il recense 10 opérations de concentrat­ion économique notifiées courant 2019.

Les opérations conclues à l’étranger, impliquant des multinatio­nales, mobilisent, vu leur ampleur, des volumes de capitaux importants.

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