Sur les traces des saisonnières marocaines
Le Maroc a organisé le rapatriement des 7.100 ouvrières agricoles d’Espagne. Un important dispositif a été mis en place grâce à une coordination minutieuse entre les autorités des deux pays. L’opération traduit l’excellence des relations entre Rabat et Ma
Le Maroc a organisé le rapatriement des 7.100 ouvrières agricoles d’Espagne. Un important dispositif a été mis en place grâce à une coordination minutieuse entre les autorités des deux pays. L’opération traduit l’excellence des relations entre Rabat et Madrid.
Samedi dernier, à la tombée de la nuit, le Med Star Tanger levait l’ancre du port de Huelva, direction Tanger-Med. Sur le pont de cet impressionnant bâtiment, des saisonnières marocaines scandent youyous et vivas. Elles sont 1.227 à bord et font partie du premier convoi de journalières à rejoindre leur pays, après expiration de leur contrat de saisonnières dans les champs de fraises à Huelva, en Andalousie. Il s’agit d’une opération titanesque de rapatriement organisée conjointement par le Maroc et l’Espagne dans le cadre de la migration circulaire pour les champs des fruits rouges de Huelva. L’action traduit le climat d’entente et de coopération qui unit les deux pays. Une opérations pour laquelle le Maroc a déployé de gros moyens pour rapatrier ses ressortissantes à l’issue de leur contrat, et ce dans les meilleures des conditions. «Elles ne pouvaient espérer une telle solution pour rentrer chez elles. Un bateau affrété par les autorités marocaines exclusivement pour elles et en plus en leur assurant un embarquement à travers le port de Huelva, c’est-à-dire à quelques minutes à peine des fermes agricoles où elles sont hébergées. C’est une initiative fort louable de la part des autorités marocaines», nous confie Pedro Marin, directeur d’Interfresa, l’association interprofessionnelle des producteurs de fruits rouges en Andalousie. Après 7 heures de traversée, elles seront enfin en chez elles, au Maroc. L’équipage du bateau sera appelé à faire plusieurs allers-retours pour rapatrier le reste du contingent. De fait, le processus durera quelques jours. Le souci des responsables marocains est de faire en sorte que toutes les rapatriées soient chez elles, auprès de leur famille, avant la fête de Aïd Al Adha. Rabat aurait souhaité des départs quotidiens. Or, des contraintes d’ordre technique, liées à la réalisation des tests PCR, empêchent des sorties quotidiennes du navire. Le coup d’envoi de cette importante opération de rapatriement a été donné par l’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, en la présence des autorités nationales et locales de Huelva. À cette occasion, Santiago Yerga, le directeur général des Migrations, département relevant du ministère de l’Inclusions sociale, de la sécurité sociale et des migrations, a fait le déplacement à Huelva et s’est réuni avec la cheffe de la diplomatie marocaine en Espagne. Lors d’un point de presse improvisé sur le quai, à quelques mètres seulement du bâtiment géant, la diplomate marocaine s’est félicitée de ce modèle de coopération entre les deux pays, “un modèle unique en son genre”, a-t-elle affirmé. L’ambassadrice a également rappelé la forte mobilisation du Maroc pour garantir le retour, dans le respect des contraintes sanitaires imposées par la pandémie, des journalières marocaines, “de braves femmes qui honorent l’image du Maroc”, a-t-elle lancé à leur adresse. En effet, la représentation diplomatique marocaine s’est fortement mobilisée, plusieurs jours durant, pour arrêter les termes de cette opération. Des réunions de travail marathoniennes ont été organisées entre les deux parties, marocaine et espagnole, afin de ficeler le plan de rapatriement et éviter des couacs. Sur place, rien n’est laissé au hasard. Une ambulance de la Croix rouge est stationnée sur le quai, avec des bénévoles marocaines en cas d’imprévu. Les médiateurs sociaux qui ont accompagné les saisonnières durant tout de leur séjour en terre andalouse sont là aussi. Des boissons fraîches et de la nourriture est sont mises à la disposition des saisonnières... tout le monde est aux petits soins. Une fois à bord, des distributeurs de gel hydroalcoolique sont placés aux accès de ce navire. Les membres de l’équipage prennent la température des passagères. Les autorités locales et portuaires ont mis au point un plan d’embarquement pour éviter les encombrements. L’opération s’est déroulée de manière fluide, sachant que ce port andalou ne dispose d’aucune expérience en la matière. De fait, cette liaison extraordinaire est considérée comme une aubaine pour ce port onubien. Depuis quelques temps, ses gestionnaires multipliaient les clins d’oeil à l’adresse du Maroc dans le but de mettre en place une liaison commerciale permanente avec ses homologues marocains. Dans une déclaration aux Inspirations ÉCO, Pilar Miranda, présidente de l’autorité portuaire de Huelva, a confié que cette opération est une opportunité de renforcer la coopération commerciale et économique avec le Maroc. Celle-ci n’a pas caché son souhait de voir l’entité qu’elle préside devenir une plateforme majeure des expéditions andalouses dirigées vers nos latitudes.