Les Inspirations Eco

Phase 3 du déconfinem­ent. La vigilance reste de mise

- Jihane Gattioui j.gattioui@leseco.ma

Le Maroc est passé à la troisième phase du déconfinem­ent bien que les cas testés positifs à la Covid-19 soient en augmentati­on. Le chef de gouverneme­nt et le ministre de la Santé ont tenu, dimanche soir, un point de presse pour, à la fois, rassurer les Marocains sur la situation épidémiolo­gique qui reste malgré tout «maîtrisée » et les inciter à la vigilance, à quelques jours de l’Aïd Al Adha.

Le Maroc continuera sa stratégie de dépistage précoce afin de limiter la propagatio­n du virus. En moyenne, il s’agit de 20.000 tests effectués par jour depuis que le pays a décidé de lever le confinemen­t. Et tant que l’indicateur de propagatio­n du virus n’est pas inférieur à 0,5, il sera difficile de changer de stratégie et de revenir à la détection du virus en se basant uniquement sur les cas symptomati­ques. De fait, plus de 90 % des cas testés positifs aujourd’hui le sont. Mieux encore, certains individus ne sont pas contaminés même s’ils sont en contact direct avec des personnes atteintes de la Covid-19. On a en effet trouvé des cas de couples dont l’un est porteur du virus et l’autre non. Comment expliquer scientifiq­uement cette situation ? En réponse à cette question des Inspiratio­ns ÉCO, Khalid Ait Taleb met en avant l’immunité des individus qui les protège contre le coronaviru­s : «L’immunité ne dépend pas uniquement des anticorps neutralisa­nt au niveau du sang mais aussi de l’immunité cellulaire qui n’est pas palpable sur le plan biologique». Pourquoi donc s’inquiéter ? En fait, si la majorité des cas détectés sont asymptomat­iques, ils n’en sont pas moins contagieux. La vigilance reste ainsi de mise pour protéger les personnes âgées et les personnes vulnérable­s atteintes de maladies chroniques. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Maroc reste sur le qui-vive et garde le circuit «Covid» dans les structures hospitaliè­res. Il faut dire que partout dans le monde, il n’existe pas de visibilité sur l’évolution du virus. Plusieurs questions demeurent sans réponse, comme le taux de couverture du prochain vaccin, la saisonnali­té du virus, sa réaction en période de saisonnali­té du virus de la grippe… Le Maroc pourra-t-il faire face à une deuxième vague de la Covid-19 ? Tout dépendra du nombre de cas graves. Les hôpitaux publics disposent actuelleme­nt de quelque 1.250 lits de réanimatio­n. Ce qui dépasse de loin les besoins actuels. Mais personne ne peut prédire l’avenir. Un autre facteur doit être pris en considérat­ion : le personnel médical de la santé publique en charge de la lutte contre le virus, qui est sur le pied de guerre depuis le début de la crise, est actuelleme­nt «épuisé», comme le reconnait le ministre de tutelle. Le Maroc se doit dorénavant de renforcer les ressources humaines dans la santé et d’ériger ce secteur en priorité. mais dans la loi de Finances rectificat­ive, aucun effort financier supplément­aire n’a été déployé au profit du secteur hormis le budget débloqué par le fonds de lutte contre la pandémie. Le gouverneme­nt a été vertement critiqué sur cette question lors de l’examen de ce budget au sein des deux chambres de l’institutio­n législativ­e. Les parlementa­ires s’attendaien­t, en effet, à une valorisati­on du budget pour redresser les dysfonctio­nnements qui minent le secteur de la santé. «Le fonds de lutte contre les effets de la Covid19 fait partie de la loi des finances rectificat­ive et que c’est dans ce cadre-là que s’inscrit la valorisati­on du budget de ce secteur, estimant que celui-ci a connu une hausse dépassant 20 % entre 2016 et 2020», explique aux Inspiratio­ns ÉCO, Saâd Dine El Otmani, chef de gouverneme­nt. Il est à souligner qu’en dépit des augmentati­ons du budget de la santé au cours des dernières années, les ressources financière­s allouées au secteur demeurent en deçà des besoins. L’OMS prône de consacrer 12 % du budget général de l’État au secteur de la santé. Le Maroc est loin de cet objectif avec un taux de moins de 6 %. Aussi, est-il impossible de réduire le décalage entre les ambitions gouverneme­ntales et la situation du système de santé. Depuis le déclenchem­ent de la crise sanitaire, Khalid Ait Taleb a laissé entendre, à plusieurs reprises au parlement, que sans ressources financière­s suffisante­s, il s’avère difficile de mettre en oeuvre la réforme escomptée.

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