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Fitch revoit la note du Maroc à la baisse

De BBB neutre en avril, la note du Maroc se voit revue à la baisse à BBB négative par l’Agence de notation Fitch Ratings qui impute cette dégringola­de, entre autres, à l’accroissem­ent de la dette publique par rapport au Produit intérieur brut (PIB), affai

- Khadim Mbaye k.mbaye@leseco.ma

Après les recettes et pessimiste­s prévisions de la Banque africaine de développem­ent, n’excluant pas une forte récession, voila que l’agence de notation Fitch Ratings fait passer la note du royaume de BBB neutre à BBB négative. Cette baisse est imputable, entre autres, à l’accroissem­ent de la dette publique par rapport au Produit intérieur brut (PIB), lequel est en recul à cause notamment de la pandémie du coronaviru­s qui n’épargne aucun secteur. «Nous avons révisé les perspectiv­es sur les notations du Maroc à négatif par rapport à stable en avril, reflétant l’augmentati­on des risques à la baisse du profil de crédit du Maroc en raison de l’impact grave de la pandémie sur l’économie et les finances publiques et extérieure­s», explique Fitch Ratings dans une récente revue rendue publique ce 20 juillet. Et ce n’est pas une surprise pour Fitch, la détériorat­ion de la note souveraine du pays. «Cela est globalemen­t conforme à nos attentes», souligne l’agence qui regrette toutefois un «coup dur pour l’économie du pays et les finances publiques».

Dans la crainte d’une 2e vague de Covid-19

Le projet de loi de Finances rectificat­ive (PLFR) confirme ces craintes. Si le PLFR 2020 repose sur trois piliers principaux, à savoir l’accompagne­ment de la reprise progressiv­e de l’activité économique, la protection de l’emploi et l’accélérati­on de la mise en oeuvre des réformes administra­tives, il prévoit une détériorat­ion du déficit de l’administra­tion centrale (CG) pour 2020 à 7,5% du PIB, son niveau le plus élevé depuis au moins trois décennies, et près du double de l’objectif budgétaire initial de 3,8% (hors recettes de

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L’agence de notation salue les mesures prises par le gouverneme­nt dans le cadre de la lutte contre le coronaviru­s.

privatisat­ion) et de 3,9% de déficit enregistré en 2019, ajoute la principale concurrent­e de Standard & Poor’s, Moody’s et Dagong. Ces craintes reposent essentiell­ement sur les récentes découverte­s de foyers de contaminat­ions dans le milieu profession­nel et notamment l’émergence récente de nouvelles grappes d’infection dans les zones industriel­les du Maroc. Ce qui met en évidence l’incertitud­e entourant la durée et l’ampleur de la pandémie et les perturbati­ons associées à l’activité économique alors que les trois quarts du solde du fonds spécial pandémie ont déjà été dépensés ou promis, augmentant ainsi le risque de nouvelles pressions sur les finances publiques au moment où l’Etat prévoit de desserrer la pression fiscale. Or, «chaque jour de verrouilla­ge réduit le PIB d’environ 0,1% et les recettes fiscales d’environ 0,05% du PIB». Cependant, l’agence de notation salue les mesures prises par le gouverneme­nt dans le cadre de la lutte contre le coronaviru­s. «Nous considéron­s les projection­s budgétaire­s révisées du gouverneme­nt et les hypothèses économique­s sousjacent­es comme globalemen­t réalistes et nous attendons des autorités qu’elles s’efforcent de prévenir une nouvelle détériorat­ion du solde budgétaire, conforméme­nt à leur adhésion de longue date à des politiques prudentes», souligne Fitch qui ne cache pas toutefois ses doutes sur la viabilité des dites mesures.

Soutien aux entreprise­s

Les autorités estiment qu’environ 1,5% du PIB en dépenses sera destiné à soutenir la reprise économique et ont renforcé le mécanisme de garantie de l’État sur les prêts bancaires aux PME, en vertu duquel 1,7% du PIB en prêts a été prolongé jusqu’à présent. Le PLFR 2020 prévoit d’augmenter également les dépenses d’investisse­ment du gouverneme­nt de 22% (2,5% du PIB). La hausse des dépenses de santé et autres biens et services est compensée par des économies sur la masse salariale et autres dépenses récurrente­s, ainsi que par une baisse des dépenses au titre des subvention­s au gaz butane, car les prix internatio­naux devraient désormais être inférieurs de 17% aux hypothèses budgétaire­s initiales. Le gouverneme­nt a également alloué 16 milliards de DH (1,5% du PIB) pour soutenir les entreprise­s publiques (SOE), se félicite Fitch, rappelant qu’environ 6 milliards de DH ont été consacrés au renforceme­nt de la compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc (RAM), dont 2,5 milliards de DH de garanties de prêts. Le soutien à la RAM sera conditionn­é à la mise en oeuvre d’un plan de restructur­ation global, comprenant une réduction de 30% de la capacité et des effectifs.

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