Crise des valeurs
Dans la foulée de tout ce que nous vivons depuis quelques mois, et alors que nous nous auto-congratulons pour la solidarité dont nous avons fait preuve durant cette épreuve multidimensionnelle qu’est la pandémie, certains évènements viennent hélas ternir l’image de ce Maroc auquel nous aspirons.
Dans la foulée de tout ce que nous vivons depuis quelques mois, et alors que nous nous auto-congratulons pour la solidarité dont nous avons fait preuve durant cette épreuve multidimensionnelle qu’est la pandémie, certains évènements viennent hélas ternir l’image de ce Maroc auquel nous aspirons. Les réseaux sociaux se sont faits l’écho de vols de matériel et d’objets, perpétrés au sein de l’hôpital de campagne de Benslimane. Des citoyens -si une quelconque notion de citoyenneté peut être évoquée dans pareille situation- ne se sont pas gênés pour embarquer de «petits souvenirs» de leur passage dans cet hôpital. Pommeaux de douches, draps, oreillers ou encore petit matériel de cuisine ont été dérobés, puis retrouvés dans les bagages de personnes qui avaient fini leur période d’hospitalisation et s’apprêtaient à rentrer chez eux. Sidérant! Quelques jours plus tôt, une autre histoire, elle aussi rapportée par les réseaux sociaux, en a choqué plus d’un. Des séquences vidéo montrent un marché de bétail à Casablanca pris d’assaut par des individus qui, excédés par la flambée des prix à la veille de l’Aïd, ont décidé de «se servir» en moutons sans débourser le moindre sou. Entre des voleurs en cavale et des éleveurs dévastés, ces tristes scènes sont dignes d’une émeute sociale. C’est à se demander où sont passées nos valeurs, et ce que nous avons fait de notre solidarité? Il est admis que c’est surtout en temps de crise, de tension ou encore d’avarie que le baromètre des valeurs d’une société est mis à l’épreuve. C’est cela même qui rend ces deux exemples d’autant plus inquiétants, car dénotant de l’ampleur de l’avidité, de la cupidité et de l’égoïsme ambiants. Un concentré d’âpres réalités, amplifiées par la conjoncture et poussant à une limite paroxystique tous les réflexes de l’Homme tels que décrits par Hobbes, Spinoza ou encore Bergson. C’est là un constat d’échec transversal de l’éducation à ces valeurs et principes, que l’on voit malheureusement de moins en moins inculquées à nos enfants.