Crédit du Maroc brave la crise
Le groupe bancaire a pu faire face aux effets de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 à travers la résilience de son PNB et la solidité de son assiette financière. Par ailleurs, le coût du risque a pratiquement triplé en glissement annuel
Crédit du Maroc (CDM) a fait preuve de résilience au cours du premier semestre 2020, et ce malgré l’évolution de la pandémie de la Covid-19. À l’image du secteur, le groupe bancaire a pu faire face aux effets du confinement et de l’état d’urgence qui ont bouleversé les habitudes d’une grande partie de ses clients. CDM assure avoir enregistré, au terme de ce premier semestre, une hausse de 3,8% de son encours crédits à 43,85 MMDH grâce à un accompagnement entièrement personnalisé de sa clientèle. Les conseillers ont en effet été sensibilisés pour accompagner les clients touchés par la crise en leur présentant les moratoires de crédits. Une mesure qui a été proposée par le Comité de veille économique créé en période de crise et dirigé par le ministère des Finances pour la gestion de la Covid-19. Ce sont donc plus de 13.000 clients particuliers CDM qui ont pu profiter de cette disposition avec 170 MDH d’échéances reportées et un taux d’accord de plus de 99%. Les encours de crédits habitat ont quant à eux progressé en glissement annuel de 1,6% à 14,3 MMDH. Les encours de crédits à la consommation se sont de leur côté dépréciés de 3,5%, chose qui impacte leur part de marché avec une baisse de 10 points de base sur une année glissante pour s’établir à 7,19%. «Le contexte de crise sanitaire a affecté les crédits aux particuliers dont la production a été sensiblement plus faible sur le deuxième trimestre 2020», remarque la banque.
Aides aux entreprises
Au niveau des crédits aux entreprises, ceux-ci ont vu leur encours augmenter de 4,6% par rapport à juin 2019, à 20,37 MMDH en raison de la progression des crédits de trésorerie de 14,5% et des crédits-bails de 4,6%. Les crédits à l’équipement affichent en revanche une quasi-stagnation à cause du faible niveau des investissements des entreprises en période de crise. Par ailleurs, la banque a tenu à soutenir ce type de clientèle en lui accordant, durant le deuxième trimestre 2020, près de 620 MDH de ligne Damane Oxygène. Décidé par le CVE, cet instrument de garantie a été mis en place pour permettre aux entreprises de faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Il leur a ainsi permis de mobiliser un financement bancaire additionnel sous forme de
La banque a soutenu des entreprises en leur accordant, durant le deuxième trimestre 2020, près de 620 MDH de ligne Damane Oxygène.
découvert exceptionnel, destiné à financer les charges d’exploitation impossibles à différer telles que les charges de personnel et autres charges fixes. L’incapacité des clients à honorer leur engagement en cette période de crise a fait grimper le niveau des créances en souffrance de 14,2%, principalement celles concernant les crédits aux particuliers. Par ailleurs, le confinement et l’état d’urgence, qui ont eu pour effet de limiter les dépenses des ménages, ont favorisé la progression des ressources à la clientèle. La collecte des dépôts s’est appréciée de 4,9% par rapport à juin 2019 à plus de 44 MMDH. Cette performance est portée essentiellement par les ressources à vue, qui ont évolué de 10,2%, à 29,91 MMDH. L’activité bancaire de CDM a ainsi échappé à la zone rouge au cours de ce premier semestre, grâce à la bonne tenue du produit net bancaire (PNB) au cours des trois premiers mois de l’année. Cette performance a pu compenser le recul de 3,2% enregistré entre avril et juin 2020. Le PNB consolidé a enregistré une progression de 0,3% au terme de ce premier semestre. Le résultat brut d’exploitation s’est établi à 500,4 MDH à fin juin 2020, en baisse de 15,8% par rapport au premier semestre 2019. Il inclut une hausse des charges générales d’exploitation de 16,1% portée par le don du Crédit du Maroc au fonds spécial pour la gestion de la Covid-19 de 85 MDH. «Hors don au fonds Covid-19, les charges générales d’exploitation ressortent en hausse maîtrisée de 2,0% et le coefficient d’exploitation à 51,2%», souligne le top management de la baisse.
Stabilité financière
En parallèle, le coût du risque consolidé à fin juin 2020 a triplé à fin juin 2020 pour atteindre 437,9 MDH, soit une augmentation de 74 points de base du taux de coût du risque consolidé sur les quatre derniers trimestres à 1,4%. Une hausse qui a été tirée par l’impact de la pandémie et le provisionnement prudentiel des encours sains, notamment sur certains secteurs impactés par la crise sanitaire. Il en résulte un taux de couverture global consolidé en progression de 245 points de base à 94,6%. À ce stade, le résultat net part du groupe est tout de même ressorti bénéficiaire à 23,7 MDH, malgré la baisse de 92,1% enregistrée au terme de ce premier semestre 2020 et la dégradation du niveau du coût du risque sur le deuxième trimestre 2020. Au final, CDM a pu, malgré la crise, maintenir une certaine stabilité financière avec un niveau de fonds propres de plus de 6,4 MMDH induisant un ratio de solvabilité de 14,83% et un ratio Core Tier 1 de 11,73% (les minimums réglementaires sont respectivement de 12% et 9%).