«Les associations doivent bénéficier des aides»
Comment les associations tiennent-elles encore le coup ?
D’abord, il faut saluer l’engagement des associations durant cette crise sanitaire. Avec les moyens du bord, elles ont pu honorer leurs engagements envers les bénéficiaires. Celles-ci n’ont pas manqué de créativité pour lancer des appels à la générosité des Marocains afin de réduire l’impact de la crise, d’honorer les projets mis en place et de continuer l’impact social. Les projets qui ont pu être déployés durant cette période avaient trouvé leurs financements avant la crise. Quid des prochains mois pour répondre aux besoins criants des bénéficiaires ?
Pourquoi, à votre avis, ontelles été écartées des aides de l’État, sachant que leur poids est important dans l’écosystème national ?
Effectivement, les associations jouent un rôle capital dans l’écosystème national. Leur impact social est très important. Dans son plan de riposte face à la propagation du coronavirus dans le royaume, la priorité a été donnée au côté sanitaire qui, malheureusement, n’a pas inclus les personnes en situation de handicap. Cela a fait objet d’un appel lancé, en avril, par notre groupement associatif. Nous ne pouvons parler d’une mise à l’écart d’associations, mais plutôt d’une non-priorisation de leur accompagnement, car elles sont le «point de proximité» avec les populations locales. La vision de l’État doit être globale et inclusive. Au même titre que les entreprises, les associations devraient avoir accès aux aides et aux mécanismes mis en place pour sauver l’économie. Sans actions dans ce sens, nous assisterons immanquablement à la disparition d’une grande partie du tissu associatif au Maroc.
Quelles ont été les pertes enregistrées par ces associations suite à cette crise sanitaire ?
La perte est perceptible à deux niveaux. Il y a d’abord celui financier, à travers la baisse des revenus des associations tout en gardant des budgets de fonctionnement identiques à la période d’avant la crise. Il ne faut pas oublier que plusieurs associations, au-delà d’accompagner leurs bénéficiaires, emploient des salariés. Par exemple, le Groupe AMH qui emploie plus de 240 personnes, s’est retrouvé dans une situation difficile où il a moins de revenus, face à des charges qui n’ont pas baissé. Le deuxième niveau de perte est social, car les associations ne pouvaient honorer tous leurs engagements vis-à-vis de leurs bénéficiaires et bailleurs de fonds. De ce fait, on parle d’une baisse de l’impact social des associations.