Modèle de développement. L’État a commencé à préparer les EEP
Le ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration a intensifié les réunions de dialogues stratégiques avec les EEP à forts enjeux socio-économiques. Zoom sur quelques résolutions prises.
Les établissements et entreprises publics (EEP) ont un rôle majeur à jouer dans le modèle de développement économique et social en cours d’élaboration. Pour les préparer à bien jouer ce rôle, le ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration (MEFRA) a intensifié les réunions de dialogues stratégiques avec ceux à forts enjeux socio-économiques, en l’occurrence l’ONCF, l’ONEE, BAM, CAM, la CDG, RAM, ADM, l’ONDA… L’objectif étant d’identifier les attentes et exigences de l’État en tant qu’actionnaire, et de mettre en place les réformes qui leur permettront de viabiliser leurs business models et de consolider leurs modèles économiques et financiers. Selon le rapport 2019 de la Direction des établissements et entreprises publics (DEEP), ces dialogues ont permis d’identifier les actions et mesures à court, moyen et long termes, préalable indispensable aux réformes nécessaires pouvant concerner aussi bien le cadre institutionnel, organisationnel que la gouvernance desdits EEP, et ce, conformément aux orientations du nouveau modèle économique. Voici quelques-unes des résolutions issues de ces réunions.
ONCF
Vers un nouveau schéma
de financement des infrastructures
Avec l’Office national des chemins de fer (ONCF), l’État a conclu un protocole d’accord, le 25 juillet 2019, qui sera décliné dans un contrat-programme pour mettre en oeuvre un plan de restructuration à court terme (2019- 2021) visant l’amélioration de la situation de sa trésorerie, la maîtrise de son endettement et la réduction de ses délais de paiement. L’objectif visé est d’améliorer la situation bilancielle de l’Office afin de lui permettre de financer son plan de développement auprès des marchés financier et bancaire sans recours direct aux finances publiques. Dans ce but, il a été décidé de procéder à la cession de ses actifs non nécessaires à l’exploitation, de monétiser certains de ses actifs, de restructurer sa dette et de sécuriser certains segments de son chiffre d’affaires, dont celui du transport des phosphates, qui n’arrête pas de chuter. À partir de 2022, il est prévu d’engager une restructuration institutionnelle et organisationnelle de l’office, qui consistera à séparer le développement de l’infrastructure ferroviaire et l’activité de l’exploitation commerciale du réseau, avec comme objectif d’identifier un schéma adapté, où le financement des nouveaux projets d’infrastructure serait à la charge des donneurs d’ordre, favorisant ainsi le recours à des outils de financement innovants en partenariat avec le secteur privé.
ONEE
Une feuille de route pour le redressement financier
Les réunions de dialogues stratégiques avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) ont, quant à elles, permis de définir une feuille de route visant le redressement de la situation financière de l’office afin de lui permettre de mettre en oeuvre son plan d’investissement, d’apurer progressivement ses relations avec ses fournisseurs, de maîtriser son endettement et de dégager des marges pour la mobilisation de financements alternatifs. Sa mise en oeuvre passera par plusieurs mesures comme la diversification des ressources par le recours à des leviers de financement alternatifs innovants, à l’instar de la titrisation des actifs et des créances; l’optimisation du plan d’équipement à travers le lissage des projets d’investissement en fonction des capacités réelles de l’office et, enfin, la mise en place d’un plan d’action visant l’amélioration des rendements des installations et des réseaux.
RAM
Améliorer les performances
et la rentabilité
Avec Royal Air Maroc (RAM), les réunions de dialogues stratégiques ont principalement porté sur l’examen du business plan de la compagnie, qui constitue la base du contrat-programme État-RAM, l’évaluation des scenarii pour le financement du plan de développement de RAM, défini sur la période 2020-2029, ainsi que la recherche de leviers permettant d’améliorer les performances et la rentabilité de la compagnie. Comme actionnaire majoritaire de RAM, l’État accompagnera ce plan de développement tout en identifiant ses exigences et ses attentes en termes de rentabilité des fonds propres, de remontée des dividendes et d’évolution de l’actionnariat de la compagnie et du développement de son portefeuille de filiales et de participations. L’objectif étant de faire passer RAM d’une compagnie traditionnelle à un connecteur global, basé sur le hub régional de Casablanca, présent sur quatre continents et centré sur le client.
ADM Un nouveau business model
Concernant Autoroute du Maroc (ADM), les réunions de dialogues stratégiques ont conclu que son modèle de développement a atteint ses limites et qu’il va falloir définir un nouveau business model basé sur un schéma de financement qui permettra de poursuivre le développement du secteur autoroutier. Ce nouveau schéma devra notamment reposer sur le principe de monétisation du patrimoine de la société, et être couplé à une refonte de la gouvernance du secteur autoroutier pour apporter les garanties nécessaires aux investisseurs à travers une redéfinition des rôles des intervenants et un repositionnement adapté d’ADM sur la chaîne de valeur, en vue de garantir le pilotage de la cohérence d’ensemble. La réflexion sur ce schéma est en cours.