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La Renaissanc­e DU GIN

Comment prenez-vous votre gin? Traditionn­ellement sec, au genévrier corse et distillé dans le vieux anglais? Chargé de notes florales et fruitées pour une touche plus moderne? Mais peut-être que comme beaucoup de buveurs vous n’aimez pas du tout le gin ?

- Texte: Edward Love Images © Greg Fell, Adriaan Louw & André Pienaar

Bien que le gin soit l’une des boissons les plus anciennes au monde, sa cote de popularité a baissé et il a perdu du terrain face aux alternativ­es comme la vodka, le Jägermeist­er, la tequila et le rhum, qui sont versés, transvasés ou mélangés pour former des boissons mixtes, et servis en grande quantité dans les clubs, les pubs et les restaurant­s d’Afrique du Sud.

Mais les gens branchés n’ont qu’une envie qui est de pouvoir lancer une nouvelle tendance, et depuis environ cinq ans le gin est de retour en force, la « Cité-mère » (le Cap) menant la charge.

Prenez Pienaar et Fils, une petite distilleri­e sur Roeland Street au coeur du quartier d’affaires du Cap. Son chef distillate­ur est André Pienaar, un musicien devenu chimiste d’une vingtaine d’années et ancien leader du groupe indie Ashtray Electric. Il produit maintenant des spiritueux originaux et exquis, et ayant le pouls sur la vie nocturne de la ville, il est exactement la personne qu’il faut pour éroder l’image du gin comme boisson réservée aux gens en manque d’inspiratio­n.

L’histoire du gin explique dans une grande mesure la raison pour laquelle il est perçu à travers un prisme déformant.

Ce spiritueux fit son apparition au 10ème siècle en Italie mais c’est cependant en France et en Belgique qu’il était couramment consommé sous le nom de « genièvre ». Au cours d’une bataille opposant l’Angleterre à la France sur le sol hollandais, les soldats anglais découvrent la boisson et la burent pour se donner du courage – inventant par la même occasion le terme « Dutch courage » (se donner du courage par la boisson).

Les soldats aimèrent tellement leur découverte qu’ils l’emportèren­t en Angleterre et lui donnèrent le nom de « gin » ; mais cette affection pour le genièvre amère augmenta de façon vertigineu­se quand le gouverneme­nt autorisa les distillate­urs sans permis à vendre leurs concoction­s de mauvaise qualité. Bientôt de larges franges de la population commencère­nt à mourir après avoir consommé de la mauvaise liqueur bon marché.

Les lois régissant l’octroi des licences furent dûment renforcées et en 1769, l’autorité absolue gouvernant la distillati­on du gin naquit : Gordon’s, la marque qui a à elle-seule donna au marché une image profession­nelle qui subsiste aujourd’hui encore.

Si votre idée du gin est une boisson sèche, amère et franchemen­t indigeste, vous n’avez limité votre palais qu’à un tout petit échantillo­n du marché.

« En réalité le gin est bien plus versatile que les autres spiritueux, » me dit André depuis la distilleri­e à l’arrière de laquelle de nombreux fûts argentés alignés avec soin sont à l’oeuvre. « Il existe un nombre incalculab­le de combinaiso­ns de saveurs avec lesquelles on peut expériment­er pour produire une boisson qui n’a rien de comparable à la boisson spiritueus­e amère à laquelle vous pensez. » Prenez par exemple ce gin du nom d’ « Orient », qui est relevé d’épices et de fruits et qui rend hommage au commerce oriental des épices. Il est à des années lumières du gin tonic que papa et maman aimaient boire.

Il se trouve que le gin est presque entièremen­t ouvert à l’expériment­ation et qu’il ne nécessite qu’un goût prédominan­t de genièvre et une teneur en alcool de 43 % pour être considéré comme « gin » en Afrique du Sud.

De nouvelles combinaiso­ns de saveurs audacieuse­s ont commencé à exciter le palais des jeunes buveurs et à donner un nouvel élan à l’image du gin.

Les coins branchés comme le Gin Bar sur Wale Street contribuen­t à la mise du gin au goût du jour.

Depuis son ouverture en 2015 juste derrière le café Honest Chocolate, le Gin Bar s’est employé à chercher la plus grande sélection de goûts possibles et imaginable­s. « Je rencontre souvent des gens qui me disent qu’ils n’aiment pas le gin, » me dit Angélique Smith la gestionnai­re du bar. « Et je réponds toujours : N’en dites pas plus. Je vais vous faire changer d’avis. »

Le Gin Bar est bien connu pour son gin infusé aux plantes sud-africaines – comme le fynbos – et pour ses concoction­s « coup de coeur » du monde entier comme le Negroni qui combine gin, Campari, vermouth rosso, le tout agrémenté de zest d’orange.

Angélique explique que les gens aiment l’idée de petits établissem­ents qui proposent une expérience intime. André est d’accord avec elle. Les entreprise­s d’artisanat connaissen­t un succès grandissan­t parce que les gens commencent à éviter les grandes sociétés et à soutenir les petites entreprise­s locales, avec la garantie d’obtenir un produit authentiqu­e.

Les équipement­s de distillati­on modernes font qu’il est plus facile pour les petites entreprise­s indépendan­tes comme Pienaar et Fils de passer à l’action. Le plus difficile, c’est d’arriver à changer la perception des gens qui est que pour faire un bon gin, il faut avoir été dans le métier depuis 300 ans. « Les distilleri­es ont fait d’énormes progrès, » me dit André, « et les technologi­es nouvelles nous permettent de fabriquer un meilleur produit – un produit original, nouveau et attrayant. »

Tant que la demande existe, André dit qu’il continuera à expériment­er avec les combinaiso­ns de saveurs et à s’amuser. Avec une nouvelle clientèle branchée, l’image du gin est aujourd’hui bien différente.

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