Promotion pourrie: Credit Suisse montré du doigt
GENÈVE La banque a signé des conventions avec les propriétaires arnaqués. Un aveu, juge un avocat.
L’affaire des deux sulfureux promoteurs immobiliers qui secoue Genève depuis cinq ans (lire encadré) connaît un nouveau développement. Me Nicola Meier, avocat de l’un d’eux, est déterminé à lui éviter de payer pour tous. Il désigne EDD, l’entreprise générale chargée des travaux et, surtout, le Credit Suisse.
«Les procédés de la banque doivent clairement s’examiner sous l’angle pénal, assène Me Meier. Sa responsabilité civile, elle l’a déjà admise.» A l’appui de son affirmation, il brandit une convention conclue entre le Credit Suisse et plusieurs propriétaires de villas à Chancy, spoliés par la faillite d’EDD. La banque s’y engage à les dédommager. Un geste commercial, dit-elle. «Un quart de million versé en catimini sonne au contraire comme un aveu de culpabilité», pour Me Meier.
Il accuse. EDD s’est adonnée durant des années au jeu de l’avion, finançant un chantier avec un autre, «générant 94 millions de chiffre d’affaires en cinq ans sans tenir aucune comptabilité, sans réviseur et en produisant à la banque des faux grossiers, par exemple maquillés au Tipp-Ex!» Or, tance l’avocat, le Credit Suisse – qui réglait les factures produites par EDD – avait un devoir de contrôle qu’il a ignoré au mépris des règles de la Finma (autorité fédérale de surveillance des marchés). «Tout ça pour encaisser des intérêts sur les dizaines de millions prêtés aux propriétaires.» Me Meier réclame que le Parquet, dans le cadre de la procédure visant les promoteurs et EDD, réentende le Credit Suisse.