Des Genevois risquent de payer cher leur solidarité
GAP (F) Deux Suisses et cinq autres militants ont fait face à la justice jeudi. Ils avaient fait passer la frontière italo-française à des étrangers sans papiers.
Manifestation «spontanée» ou aide à l’entrée irrégulière ? Les Genevois Théo et Bastien, ainsi qu’une Italienne et quatre Français, sont poursuivis pour «aide directe ou indirecte en bande organisée à l’entrée irrégulière d’étrangers sur le territoire national». La justice leur reproche d’avoir facilité le passage d’Italie vers la France à une vingtaine de migrants le 22 avril, au cours d’une manifestation au col de Montgenèvre à laquelle participaient une centaine d’autres personnes. Le procureur Raphaël Balland a requis 6 mois de prison avec sursis à l’encontre de chacun des deux Suisses.
Ces «solidaires» de la cause des migrants, comme ils se présentent, ont souligné qu’en manifestant, leur intention n’avait jamais été de faire passer la frontière à des clandestins, mais de réagir à une action
menée localement, la veille, par un groupuscule d’extrême droite hostile aux migrants.
«Il y a eu une volonté d’exprimer nos idées, notre mécontentement face à la militarisation des frontières», a argumenté Théo, l’un des deux Genevois présents jeudi au Tribunal de Gap.
Au printemps, le procès avait été renvoyé le temps que la justice statue sur le «délit de solidarité». En juillet, les juges ont estimé qu’au nom du «principe de fraternité», une aide désintéressée au «séjour» irrégulier ne saurait être passible de poursuites, mais l’aide à «l’entrée», elle, restait cependant illégale.