La poupée russe qui dérange à Bruxelles
BRUXELLES La fille du porte-parole de Poutine fait un stage auprès d’un élu français, semant le malaise dans l’hémicycle.
Malgré ses airs angéliques, Elizaveta Peskova ne fait pas l’unanimité. L’étudiante russe de 21 ans effectue depuis novembre un stage au Parlement européen. Elle y travaille pour Aymeric Chauprade, ex-membre du Front national de Marine Le Pen. Elle est aussi la fille du porte-parole et ami du maître du Kremlin, Vladimir Poutine. Des eurodéputés, qui viennent de s’en rendre compte, dénoncent une forme d’espionnage russe à Bruxelles.
«C’est extrêmement choquant. La fille du porte-parole du Kremlin n’est pas n’importe quelle personne. Je suis surprise que ce recrutement ait été validé par les services du Parlement» Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy Eurodéputée socialiste française
La découverte a fait grincer des dents à travers l’Europe. Depuis novembre et jusqu’en avril, Elizaveta Peskova, fille de Dmitry Peskov, porte-parole de longue date et proche conseiller du président russe Vladimir Poutine, est en stage au Parlement européen. L’étudiante de 21 ans travaille pour l’eurodéputé français Aymeric Chauprade, un ancien du Front national qui a été proche de Marine Le Pen avant de quitter le parti. Et n’a jamais caché son soutien à la Russie.
Outre son lien direct avec le Kremlin, Elizaveta Peskova fait partie de l’élite dorée russe et documente sa vie de jet-setteuse sur Instagram. Ses photos glamour et certains com- mentaires lui ont déjà valu des critiques dans son pays où plus d’un cinquième de la population vit dans la pauvreté.
Les services du Parlement ont assuré que la jeune femme n’avait accès à aucun document confidentiel. Mais à quelques mois des élections européennes, et alors que l’UE s’inquiète d’une possible ingérence russe dans le scrutin, la présence de Peskova interpelle.
Deux élus baltes interrogés par Radio Free Europe, site qui a révélé l’affaire, ont qualifié son stage de «violation des règles générales de sécurité» et de «très grosse honte sur la face du Parlement européen». L’eurodéputé allemand Knut Fleckenstein a regretté que la présence d’une personne ayant de telles connexions n’ait pas été ouvertement annoncée: «Je réfléchirai sans doute à deux fois avant de lui dire quelque chose.»