La violence psychologique a pris la place de la fessée
SUISSE Sept parents sur dix ont recours à des mots blessants pour recadrer leur enfant. Les châtiments corporels sont en recul.
Alors que les punitions corporelles sont moins prisées, la violence psychologique des parents sur leur progéniture, elle, est très répandue. Près de 70% des parents disent l’utiliser au moins occasionnellement; un tiers d’entre eux ajoute que ce n’est pas rare, révèle une étude publiée hier par l’Université de Fribourg. Parmi les pratiques citées: ignorer son enfant quelques heures ou quelques jours, l’enfermer pendant une longue période, chercher à le blesser avec des mots, lui hurler violemment dessus, voire le menacer de le confier à une famille d’accueil ou à une institution. Selon ce sondage représentatif, les Romands y ont plus souvent recours que les Alémaniques et les italophones.
«Toute colère ne représente pas forcément une forme de violence, précise le professeur Dominik Schöbi, coauteur de l’étude. Un enfant sait faire la différence entre un parent fâché et une volonté d’humilier ou de blesser. On définit la violence psychologique en lien avec le besoin fondamental de l’enfant de se sentir en sécurité et rassuré par rapport à l’affection de ses parents.» En Suisse, près de 100000 enfants de 1 à 6 ans seraient soumis à ces pratiques, à un âge où ils présentent une grande vulnérabilité. De la qualité de l’attachement créé avec les parents dépendra alors le développement de leur santé, notamment mentale. «Une violence répétée, même psychologique, est un facteur de risque important qui aura une influence sur le succès à l’école, dans le monde professionnel ou encore dans les relations adultes», prévient Dominik Schöbi.