Modérer Facebook, un job hautement traumatisant
ÉTATS-UNIS Les petites mains qui contrôlent les contenus sur le réseau social sont très exposées et très peu payées.
Dans des bureaux en Arizona, Chloe s’apprête à visionner un contenu signalé sur Facebook. Sous ses yeux, un homme se fait poignarder des dizaines de fois, implore le pardon et finit par mourir. Chloe, qui travaille là depuis trois ans et demi, est saisie par une crise de panique...
Ce témoignage récolté par le site TheVerge illustre le quo tidien de milliers de modérateurs qui travaillent pour le célèbre réseau social. Les personnes interrogées parlent d’un lieu de travail au bord du chaos où certains employés fument du cannabis durant leurs pauses quand d’autres ont des rapports sexuels dans les escaliers. Les modérateurs développeraient des anxiétés et continueraient de souffrir de traumatismes, même longtemps après avoir quitté l’entreprise. Et à force d’être longuement exposés aux thèses complotistes, certains finissent par être convaincus, par exemple, que la Terre est plate, que l’Holocauste n’a pas existé ou que le 11 septembre n’était pas une attaque terroriste. De surcroît, ils peuvent être licenciés au bout de quelques erreurs par semaine. Des vidéos choquantes ont pu «ravager certaines personnes», confie un modérateur travaillant sur Business Insider, un autre site.
Malgré la dureté de leur tâche au quotidien, ces salariés formellement engagés par le soustraitant Cognizant ne gagnent que 28 800 dollars par an, contre 240 000 dollars en moyenne pour ceux de Facebook.