De retour, la plus grande expédition sonne l’alarme
PÔLE NORD La banquise d’été pourrait totalement disparaître à cause du réchauffement climatique.
Après 389 jours d’exploration de l’Arctique, le navire scientifique Polarstern a regagné hier son port d’attache de Bremerhaven, en Allemagne. Et pour le chef de la mission scientifique Mosaic, qui a étudié le pôle Nord sous toutes les coutures avec l’aide de centaines de scientifiques de 20 pays, dont la Suisse, le moment est critique. «Nous avons regardé comment la banquise se meurt, a d’emblée déclaré Markus Rex. Si le changement climatique se poursuit comme cela, dans quelques décennies, nous aurons un Arctique libéré des glaces durant l’été.»
Le Polarstern a parcouru 3400 km en zigzag – 1923 km à vol d’oiseau – en suivant la dérive polaire, un courant océanique qui s’écoule d’est en ouest. Lors de ses sorties sur la banquise pour y effectuer mesures et prélèvements, l’expédition a pu constater d’inquiétants changements. En été, «directement au pôle Nord, nous avons trouvé de la glace fondue, mince, friable» et «des surfaces d’eau liquide à perte de vue». En hiver, les scientifiques ont mesuré des températures beaucoup plus chaudes qu’il y a quelques décennies.
Les 150 térabits d’informations recueillies sur l’atmosphère, l’océan, la banquise et l’écosystème devraient permettre de mieux comprendre les processus complexes qui provoquent l’accélération du réchauffement climatique au pôle Nord. Elles devraient aussi servir à établir des modèles de prédiction du climat pour les 20, 50 et 100 prochaines années. Leur analyse complète va prendre un à deux ans.