Vaud est le champion du traçage des natels
D’innombrables citoyens surveillés sans le savoir VAUD Le Ministère public vaudois a épié les natels afin de retrouver les auteurs d’attaques de convoyeurs de fonds.
SUISSE Sept des treize suspects de l’attaque des fourgons blindés de La Sarraz (VD) en août 2019 ont été interpellés et placés en détention en France. Cette arrestation a été rendue possible grâce «à un patient travail de téléphonie», selon les forces de l’ordre françaises. Coïncidence: on a appris hier que Vaud était le canton qui utilisait le plus une méthode de surveillance controversée des natels l’an dernier. Le Ministère public vaudois nuance en expliquant y avoir eu recours pour «dix graves incidents au maximum». Dont la série de braquages de fourgons...
L’an dernier, des dizaines, voire des centaines de milliers de citoyens ont été la cible du Ministère public vaudois. Et ce sans en être au courant, a révélé hier la «Luzerner Zeitung», se référant au rapport annuel du Service Surveillance de la correspondance par poste et télécommunication.
La raison de cette surveillance massive est une série de six braquages de convoyeurs de fonds en Suisse romande en 2019. Afin de mettre la main sur les auteurs, le Ministère public vaudois a donc eu recours à une méthode de surveillance controversée: la recherche par champ d’antennes. Elle permet de découvrir quels natels étaient connectés à un moment précis à une antenne donnée. Cela permet aux enquêteurs de découvrir où se trouvait une personne à un moment précis, mais aussi à qui elle a téléphoné ou envoyé des SMS. Chaque recherche doit au préalable être approuvée par un juge. La facture de cette surveillance s’est élevée à 250’000 fr. dans le cas vaudois.
La technique est légale. Mais ce qui étonne, c’est le nombre élevé de recherches par champ d’antennes effectuées l’an dernier dans le canton de Vaud: 981, soit quasi autant de recherches que dans tous les autres cantons réunis.
L’avocat Martin Steiger, porte-parole de la Société Numérique, s’oppose depuis des années à cette méthode de surveillance. Il estime qu’«il s’agit d’une forme de surveillance massive, visant des personnes innocentes sans raison et sans qu’il y ait des soupçons contre elles.»