20 Minutes - Genève

Voici comment le bénévolat façonne la vie en Suisse

C’est si agréable de faire le bien. Des personnes fort différente­s, voire que tout oppose, ont une qualité en commun: la volonté d’aider.

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Sacrifier une partie de son temps libre pour aider les autre? Pour beaucoup d’entre nous, cela semble noble, mais c’est souvent incompatib­le avec notre quotidien si mouvementé. Pourtant, une grande partie de l’histoire suisse est basée sur la cohésion et le bénévolat. Aujourd’hui, de nombreuses personnes et organisati­ons caritative­s ont un besoin urgent de travail bénévole. Et souvent, un engagement d’un seul jour peut suffire à rendre les autres – et souvent soimême – un peu plus heureux.

Madame Keller (62 ans) et Monsieur Favre (34 ans), tous deux bénévoles, le savent bien. Alors que Monika est engagée depuis dix ans, Cédric a commencé à s’impliquer très tôt dans des projets sociaux et éducatifs, à l’âge de 16 ans. Tous deux parlent de leurs expérience­s dans le bénévolat:

Cédric, quelles activités pratiquez-vous en tant que bénévole?

Je suis président et caissier au sein d’une associatio­n scout, les Flambeaux de l’Évangile de La Côte. Je suis également trésorier de mon église. Cet été, je me suis engagé pendant trois mois sur bateau-hôpital avec l’organisati­on Mercy Ships où j’ai pu aider à servir la nourriture à l’équipage.

Ça a l’air intéressan­t…

Mercy Ships a le plus grand bateau-hôpital du monde. Il mouille dans les ports africains. En l’occurrence là, il était à quai au Sénégal. Des opérations chirurgica­les difficiles, ou qui ne se font pas sur place, y sont réalisées gratuiteme­nt. Il y a 600 personnes à bord, toutes bénévoles.

Comment avez-vous décidé un jour de devenir bénévole? C’est au travers du scoutisme. J’ai vu nos responsabl­es s’investir pour nous. J’ai apprécié l’assurance qui était la leur dans l’organisati­on des activités et des camps et le plaisir qu’ils avaient de partager des moments de qualité avec nous. Ils m’ont donné envie de m’investir à mon tour.

Qu’avez-vous appris sur vousmême au-travers de vos activités bénévoles?

J’ai appris à me dépasser, à me surpasser, à aller plus loin. J’aime bien l’image de Dumbo qui ne veut pas voler, mais qui reçoit cette plume soi-disant magique qui va l’aider à prendre son envol. Ma plume a été mon foulard scout. J’étais très timide, réservé. Ce foulard me donnait le courage jusqu’au jour où j’ai réalisé que ce n’était pas cette étoffe, mais bien moi qui avais appris et osé. Et cela m’a aidé dans d’autres parties de ma vie.

Qu’avez-vous appris sur les autres?

Dans le scoutisme on accueille tout le monde. Cela inclut des enfants cabossés ou handicapés, mal partis dans la vie. J’ai souvent été impression­né de voir comment la vie communauta­ire les a façonnés, leur a permis de devenir des adultes bien dans leurs baskets.

Quels conseils donneriezv­ous aux personnes qui veulent également aider mais qui ne savent pas vraiment comment et où commencer leur engagement?

Elles doivent savoir deux choses: 1. Ce qu’elles peuvent et souhaitent offrir. Quelles sont leurs compétence­s, de quels talents disposent-elles? 2. Quelle cause les fait vibrer? Une fois ces deux choses déterminée­s, il faut s’engager, faire un essai sur le long terme. Des fois, les fruits de notre bénévolat tardent à être visibles.

Comment le système suisse de bénévolat a-t-il évolué au fil des ans?

Il tend à se structurer de plus en plus. C’est cohérent avec notre société qui cherche à tout maîtriser, à éviter les risques.

Comment voyez-vous l’avenir du bénévolat en Suisse? Beaucoup de gens cherchent plus que le métroboulo­t-dodo. On peut donner un sens à sa vie en servant une cause. Mais attention à ne pas trop en faire ou à tomber dans la superficia­lité.

Monika, quelle sont vos activités en tant que bénévole?

C’est toujours différent. J’aide surtout le week-end, parce que c’est le moment qui me convient le mieux. L’année dernière, j’ai emballé des paquets pour la Saint-Nicolas qui ont ensuite été distribués. Le soir, j’ai eu mal aux doigts en les fermant, mais ça valait le coup. Une autre fois, nous sommes allés au zoo pour un après-midi avec les résidents d’une maison de retraite. A l’UBS Kids Cup, une forme de joutes sportives pour les enfants, j’ai mesuré les temps de course et aidé au café. C’est très varié, on apprend toujours quelque chose de nouveau.

Et qu’avez-vous appris sur vous-même?

J’ai remarqué que j’apprécie les gens et que j’aime faire de nouvelles expérience­s. Et surtout, qu’aider les autres n’est pas seulement agréable pour ceux qui en bénéficien­t. C’est aussi très enrichissa­nt pour les personnes qui donnent un coup de main.

Qu’est-ce qui vous a décidée à vous impliquer?

Je pense que cela fait partie de mon personnage. Je suis une personne très sociale. Et j’ai aussi le temps pour cela, parce que je n’aime pas être stressée dans la vie.

Quel est votre meilleur souvenir de bénévolat?

Il y en a même deux: visiter le zoo avec des personnes en fauteuil roulant, c’était très agréable parce que j’ai vraiment remarqué combien c’était amusant pour ces gens. Et les résidents de cette maison de retraite n’auraient jamais pu faire cette activité sans notre aide. Lors de l’UBS Kids Cup, ce sont surtout les enfants qui ont fait un grand effort. C’est une expérience a elle seule de voir l’éclat dans les yeux des enfants lorsqu’on leur remet un petit prix après la course.

Pourquoi le bénévolat en Suisse est-il si important?

Je pense que c’est important pour la société de voir que ce n’est pas facile pour tout le monde. C’est aussi une question de gratitude. Nous nous en sortons très bien en Suisse, mais il faut sans cesse se rappeler que ce n’est pas quelque chose que tout le monde considère comme acquis. Il y a donc beaucoup de choses à faire en Suisse aussi.

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PHOTO: LEO DUPERREX Cédric Favre (34 ans) fait du bénévolat depuis son adolescenc­e.
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PHOTO: STEVAN BUKVIC Monika Keller (62 ans) fonctionne comme bénévole depuis dix ans.

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