Antiépileptique sur le banc des accusés
PARIS Le labo français Sanofi a été mis en examen pour «tromperie aggravée et blessures involontaires» dans le cadre du scandale de la Dépakine.
C’est un dossier «d’une gravité extrême qui concerne des milliers de victimes», a déclaré hier l’avocat d’une association qui représente 4000 personnes touchées, pour moitié des enfants malades. Elle s’appuie notamment sur 14 cas de mères ayant reçu de la Dépakine lors de leur grossesse. Cet antiépileptique, prescrit à des patients ayant des troubles bipolaires, présente un risque élevé de malformations congénitales sur le foetus s’il est pris par une femme enceinte.
Sanofi, le laboratoire français qui commercialise ce médicament, a annoncé lundi soir avoir été mis en examen pour «tromperie aggravée et blessures involontaires». Les juges ont pris cette décision après trois années d’enquête. En 2015, un rapport avait indiqué que les autorités françaises avaient fait preuve d’une «faible réactivité» et n’avaient pas suffisamment informé des risques connus pour les patientes enceintes. La Dépakine et ses dérivés ont provoqué depuis 1967 des malformations congénitales graves chez 2150 à 4100 enfants, selon une évaluation officielle. Une experte avance le chiffre de 14 000 victimes, en prenant en compte les enfants souffrant de retards de développement.
Sanofi estime que cette mise en examen lui permet «de faire valoir tous ses moyens de défense et sera l’occasion de démontrer qu’il a respecté son obligation d’information et fait preuve de transparence». Il continuera à «coopérer pleinement avec les autorités».