La Palme d’or de Cannes arrive sur nos écrans
DRAME Son cinquième film en compétition officielle aura été le bon pour le Japonais Kore-eda.
Ces dix dernières années, les plus tardifs des films primés sur la Croisette sortaient en salle au mois d’octobre. On désespérait donc de voir «Une affaire de famille», lauréat de l’édition 2018, sur grand écran. Ç’aurait été nous priver d’un film qui procède en fines touches sur un canevas d’apparence banal. Ce n’est en effet pas la première fois qu’on voit, à l’écran, des parents inciter leurs enfants à chaparder dans les supermarchés. Pour joindre les deux bouts, une famille japonaise entière pratique le vol à l’étalage. La marginalité, la précarité, la promiscuité liée à l’exiguïté de son logement ne l’empêchent pas d’accueillir une gamine battue et abandonnée. Mais est-ce de la générosité, quand tout tourne autour de l’argent? Larcins d’un côté, strip-tease de l’autre, radinerie au milieu...
Spécialiste des familles dé- et recomposées (il a signé «Tel père, tel fils», «Notre petite soeur» ou encore «Après la tempête»), Hirokazu Kore-eda brosse une chronique tendre et pourtant inquiétante. Les personnages sont si «nature» qu’on leur pardonne leurs travers, mais leurs ambiguïtés finiront par exploser.
Ce drame social a la particularité de se dérouler dans le Japon des laissés-pour-compte qu’on n’a pas l’habitude de voir dans le cinéma nippon. D’ailleurs Tokyo ne s’est guère réjoui de la consécration cannoise d’«une affaire de famille». N’ayant pas vu les autres films en compétition pour la Palme, on ne saurait vous dire s’il l’a méritée. On regrette toutefois qu’il lui manque une touche: l’émotion.
«Une affaire de famille» De Hirokazu Kore-eda. Avec Lily Franky, Sakura Ando.