Un procès aux airs de farce pour les voleuses de cabris
NYON (VD) Deux femmes ont comparu pour avoir libéré des animaux d’un abattoir. L’audience a donné lieu à de vifs débats.
Un gros dispositif policier, une salle comble et des manifestants devant le tribunal: le procès qui s’est tenu hier matin à Nyon sortait de l’ordinaire. Les deux accusées s’étaient introduites dans un abattoir de Rolle (VD) afin d’y voler, ou libérer selon les points de vue, 18 cabris, juste avant Pâques.
Par moments, la discussion a failli tourner à la farce. «Comment nourrissez-vous vos chats, Madame? s’est enquis l’avocat de l’éleveur. Car j’aimerais bien connaître la marque de votre pâtée végétalienne.» Il a aussi été expliqué qu’il était peu probable de pouvoir nourrir du bétail avec du lait d’amande ou du soja. L’une des accusées, Elisa Keller, 21 ans, ne s’est pas laissé
impressionner par sa première comparution devant un tribunal. Elle a reconnu les faits reprochés et a profité de la tribune pour argumenter sa philosophie antispéciste. «Il y a urgence pour les 75 millions d’animaux tués chaque année en Suisse», a-t-elle dit. Elle a aussi affirmé qu’elle ne cessera pas la lutte tant que durera le spécisme.
L’avocat de l’éleveur n’a, lui, pas mâché ses mots. «On peut bien les condamner, mais ce tribunal n’a aucun moyen de les atteindre car nous ne vivons pas sur la même planète mentale», a-t-il estimé. Les deux jeunes femmes encourent des jours-amende et le paiement de frais. Le juge tranchera notamment sur un éventuel sursis. Consciente qu’elle risque de passer à la caisse, la future condamnée a lancé un crowdfunding pour régler la facture: 7000 francs ont déjà été récoltés. Le verdict sera rendu demain.