Association de prévention mal à l’aise au tribunal
FRIBOURG Trois personnes comparaissent pour traite d’êtres humains. Dont Ana*, qui bossait aussi pour un organisme de soutien aux professionnelles du sexe.
Au deuxième jour d’un procès où trois Roumains répondent, entre autres, de traite d’êtres humains pour avoir forcé des compatriotes à se prostituer («20 minutes» d’hier), les représentants de l’association Grisélidis ont exprimé leur malaise. Présents au Tribunal de la Sarine, ils se disent «les premiers intéressés par ce verdict». En effet, une des accusées, elle-même prostituée, travaillait comme médiatrice pour Grisélidis, qui fait de la prévention et la promotion de la santé auprès des travailleuses du sexe et des personnes toxico-dépendantes.
La procureure a affirmé qu’ana* aurait menti à Grisélidis sur la situation de certaines de ses collègues et aurait ainsi
pu abuser de son statut pour asseoir sa domination sur ses victimes.
Or, tous les membres de l’association présents hier au tribunal nous ont affirmé qu’ils n’avaient pas le sentiment d’avoir été grugés ni manipulés par l’accusée. «Entre nous et les prostituées, il y a un fossé que nous devons combler. Ce sont souvent des filles de passage qui ne parlent pas le français ou très mal. Du coup, il
nous est difficile d’avoir accès à elles. Et c’est précisément là que les personnes comme Ana interviennent», explique le responsable des ressources humaines de Grisélidis. Mais l’association n’a pas vraiment les moyens d’enquêter sur ses médiatrices. «S’il s’avère qu’ana est coupable, c’est que nous nous sommes trompés et nous étudierons la question», conclut-il.
*Prénom d’emprunt