Désillusion des activistes du climat devant la justice
GENÈVE Contrairement à un récent verdict vaudois, la justice du bout du lac a refusé d’acquitter un militant écologiste qui s’en était pris à Credit Suisse.
Cette fois, pas d’effusions de joie; mais un silence désenchanté. Il y a un mois à Renens (VD), la justice a invoqué l’état de nécessité face à l’urgence climatique et acquitté des activistes qui avaient investi une agence de Credit Suisse pour dénoncer les investissements du groupe dans les énergies fossiles. Le Tribunal genevois de police n’a pas suivi le même chemin. Il a confirmé jeudi la peine à des jours-amende avec sursis de Nicolas, un militant qui avait peint une main rouge sur une succursale de la banque. Il était poursuivi pour dommages à la propriété, les activistes vaudois l’avaient été pour violation de domicile.
La présidente du Tribunal a jugé que les conditions de l’état de nécessité, «un danger imminent et impossible à détourner par d’autres moyens», n’étaient pas remplies. «Il existe d’autres méthodes, licites, pour faire entendre la cause du climat. Peindre une main sur un mur n’a pas empêché le réchauffement de la planète. Ainsi, les déprédations n’étaient ni nécessaires, ni adaptées.»
Rappelant les critiques après le verdict de Renens, l’avocate de l’activiste a évoqué «la pression de la doctrine». Me Laïla Batou a eu «le sentiment d’une sorte de préjugement. Le tribunal, au contraire de celui de
Renens, n’a pas voulu considérer l’état de nécessité et l’esprit du Code pénal – protéger la vie – a été bafoué.» Bref, l’urgence climatique ayant guidé la décision vaudoise n’a cette fois pas pesé face aux intérêts de Credit Suisse. Pourtant, selon Me Batou, «la crise environnementale nécessite du courage et des héros».