Animan Les Beautés du Monde

PHOTO ANIMALIÈRE au Kenya

- Par Stéphanie et Joël Fischer

Qui n’a pas rêvé d’aller photograph­ier les grands fauves au coeur de la savane ou la migration spectacula­ire des gnous tentant d’échapper aux crocodiles?

Qui n’a pas rêvé d’aller photograph­ier les grands fauves au coeur de la savane ou la migration spectacula­ire des gnous tentant d’échapper aux crocodiles? L’aventure vous intéresse? C’est avec plaisir que nous vous ferons partager notre passion de la photograph­ie et des animaux. En attendant, premier carnet de route d’un photograph­e animalier au Kenya, avant votre départ pour vivre l’Expérience Animan© sur le terrain, en février-mars 2019 et en Tanzanie.

C'est la nuit, j’entends un bruit près de ma tente. Ce ne sont pas les hippopotam­es de la rivière en contrebas, je connais leurs grognement­s. Ce sont des pas lourds et des craquement­s de branchages. A 5h30, il fait encore nuit et j’entends: «Hello! Good morning!» C’est le guerrier Masaï qui garde le camp la nuit pour nous protéger des prédateurs. Il nous raconte qu’un éléphant s’est promené entre nos tentes la nuit dernière… C’était son territoire avant de devenir un camp de photograph­es; les éléphants reviennent dans les endroits qu’ils ont connus. Genève-Amsterdam, Amsterdam-Nairobi. Nous survolons Nairobi, la capitale du Kenya, dans la nuit et je suis surpris de n’y voir que peu de lumière. Ce n’est pas comme nos villes d’Europe qui ressemblen­t à des galaxies d’étoiles. En sortant de l’avion, je ressens comme une couverture humide et chaude qui me tombe sur les épaules. Il y a aussi l’odeur du kérosène et tous mes sens sont en éveil. Nous commençons par chercher notre guide parmi la marée de panneaux sur lesquels les noms des voyageurs sont inscrits. «Jambo!» nous dit le chauffeur, un bonjour en swahili. Nous montons en voiture dans cette ville bruyante et polluée. Je m’impatiente déjà d’arriver dans la savane. La route est mauvaise, mais le chauffeur sait où ralentir avant les nids de poule.

DU RIFT À L’ARCHE DE NOÉ

Nous passons une première nuit en périphérie de Nairobi. J’ai mal dormi; j’étais trop excité de partir pour les grandes plaines. Je suis impatient, mais il faut la mériter, cette aventure! Au bord de la route, je vois marcher des enfants et des travailleu­rs devant des kilomètres de bidonville et j’aperçois les tours du centre-ville qui soulignent le contraste entre riches et pauvres. Nous entrons dans la Vallée du rift en longeant une faille qui donne le vertige. De l’Ethiopie au Mozambique, en passant par le Kenya, c’est une crevasse de près de 6’000 kilomètres de long. Dans ces fêlures a été découverte Lucy, le plus vieux fossile d’hominidé datant d’il y a plus de 3,2 millions d’année. J’aperçois les maisons des Masaï encerclées par des enclos, les kraals, constitués d’épines qui empêchent les lions et autres bêtes sauvages d’attaquer le bétail.

AU COEUR DU MASAI MARA

Ça y est, nous passons la barrière de sécurité de la réserve, gardée par les rangers. Après cinq heures de route éprouvante, c’est l’Arche de Noé; les animaux sont tous là, comme s’ils nous attendaien­t. Mais tout n’est pas tout à fait comme la dernière fois. Au dîner, les premières nouvelles arrivent. L’état de la réserve a changé, certains animaux sont morts et d’autres sont nés. Malaïka, une femelle guépard pas comme les autres qui avait pris l’habitude de monter sur le toit du 4x4 pour observer les environs n’a plus le droit de le faire. Dorénavant, le guide démarre le moteur quand elle essaie de grimper; certains se sont approchés trop près, en la mettant en danger. Le lendemain, aux aurores, je saute dans le 4x4 en espérant prendre la photo que je recherche, avec des lumières frisantes, des ciels orageux. La savane, c’est une ambiance magique, de longs points de fuite grâce à ces grandes plaines, cette vue dégagée à n’en plus finir. J’ai de la chance. Près des marais de Musiara, un groupe de lionceaux se met à jouer sur la souche d’un vieux figuier mort dont les nervures ressemblen­t à des dessins. Ils sont montés sur cet arbre pile au moment où le soleil était encore très bas, tôt le matin. Je suis à cinq mètres et je sais déjà que la photo est réussie au moment où j’appuie sur le déclencheu­r.

LE LENDEMAIN, AUX AURORES, JE SAUTE DANS LE 4X4 EN ESPÉRANT PRENDRE LA PHOTO QUE JE RECHERCHE, AVEC DES LUMIÈRES FRISANTES, DES CIELS ORAGEUX. LA SAVANE, C’EST UNE AMBIANCE MAGIQUE, DE LONGS POINTS DE FUITE GRÂCE À CES GRANDES PLAINES, CETTE VUE DÉGAGÉE À N’EN PLUS FINIR. J’AI DE LA CHANCE.

DE LA JEUNE HYÈNE À LA TRANSHUMAN­CE DES GNOUS

A midi, nous rentrons au camp pour décharger nos cartes mémoire et partager nos découverte­s. Je suis équipé de deux boîtiers en cas de casse, avec un téléobject­if, un grand-angle, beaucoup de cartes mémoire et des disques durs. Le matériel est soumis à rude épreuve à cause de la poussière et des orages qui arrivent et repartent rapidement.

Un bon matériel est essentiel pour prendre de bons clichés. Et puis, il y a le facteur chance et le regard unique du photograph­e qui fait la différence entre toutes ces photos du même sujet au même moment. Je tente de prendre en photo des lionceaux à ras le sol, quand

une jeune hyène curieuse vient coller son nez contre mon objectif. J’appuie sur le déclencheu­r, la photo est surprenant­e. Le graal, ce serait d’immortalis­er les minutes où le prédateur attaque sa proie. Ou de capturer les derniers instants des gnous et des zèbres qui migrent en Tanzanie et au Kenya pour trouver de l’herbe verte au mois de juillet, après la saison des pluies. Crocodiles, lions, hyènes et autres prédateurs les attendent aux endroits stratégiqu­es pour ne pas rater une opportunit­é d’attaquer les proies les plus faibles. Cette transhuman­ce natu- relle et spontanée est la plus spectacula­ire du monde: elle traverse les plaines du Serengeti et du Masai Mara sur 600 à 1’000 kilomètres.

NATURE SAUVAGE ET RÉALITÉS DU PEUPLE MASAÏ

Quand les félins sont rassasiés et font la sieste, je photograph­ie les martins pêcheurs, les impalas, les rolliers ou les jeunes chacals qui apprennent à chasser en jouant avec des lézards. Je sens

UN BON MATÉRIEL EST ESSENTIEL POUR PRENDRE DE BONS CLICHÉS. ET PUIS, IL Y A LE FACTEUR CHANCE ET LE REGARD UNIQUE DU PHOTOGRAPH­E QUI FAIT LA DIFFÉRENCE ENTRE TOUTES CES PHOTOS DU MÊME SUJET AU MÊME MOMENT.

l’odeur des fauves et l’air chaud qui s’installe et je me rappelle de Sienna, la lionne blessée par un buffle dont les petits ont été recueillis par d’autres lionnes pendant sa convalesce­nce. Finalement guérie par les hommes, elle a été empoisonné­e, peut-être par des Masaï pour leur territoire. Dépossédés d’une partie de leurs terres, ces éleveurs luttent aussi pour maintenir leur mode de vie traditionn­el.

Je lève le nez de mon appareil et sors un moment de ma bulle pour observer un troupeau de 200 vaches sur la terre des lions. C’est un spectacle surréalist­e pour des Occidentau­x comme nous. Quelle folie de mêler bétail et bêtes sauvages! Pourtant, c’est courant ici car le bétail est la richesse de la tribu semi-nomade des Masaï.

Le territoire des animaux sauvages diminue parce que les éleveurs y font paître leur bétail. Le combat entre nature sauvage et éleveurs dure depuis l’ère coloniale et fait partie des réalités de la région. Je suis un défenseur de la nature sauvage, mais je suis aussi reconnaiss­ant d’être toléré sur ces terres, par les hommes et par les animaux.

JE SENS L’ODEUR DES FAUVES ET L’AIR CHAUD QUI S’INSTALLE ET JE ME RAPPELLE DE SIENNA, LA LIONNE BLESSÉE PAR UN BUFFLE DONT LES PETITS ONT ÉTÉ RECUEILLIS PAR D’AUTRES LIONNES PENDANT SA CONVALESCE­NCE.

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Légende de la couverture: Rituels en Papouasie ©Anouk Garcia
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 ??  ?? Un éléphant le long de la rivière Mara. Pause au bord de la rivière. L’intérieur et l’équipement d’une jeep de photograph­es et selfie avec Malaïka, la guéparde. A droite, une lionne surveillan­t les alentours. Double page précédente. photo d’action avec deux hippopotam­es au combat.
Un éléphant le long de la rivière Mara. Pause au bord de la rivière. L’intérieur et l’équipement d’une jeep de photograph­es et selfie avec Malaïka, la guéparde. A droite, une lionne surveillan­t les alentours. Double page précédente. photo d’action avec deux hippopotam­es au combat.
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 ??  ?? La guéparde Malaïka descend du 4x4. Un jeune lionceau et son frère. Une lionne guidant ses lionceaux vers une proie. Portrait et deux jeunes vers les marais. A droite, ciel orageux sur la savane et lumières de l’aurore, avec les ombres d’animaux emblématiq­ues et celles de drôles de photograph­es.
La guéparde Malaïka descend du 4x4. Un jeune lionceau et son frère. Une lionne guidant ses lionceaux vers une proie. Portrait et deux jeunes vers les marais. A droite, ciel orageux sur la savane et lumières de l’aurore, avec les ombres d’animaux emblématiq­ues et celles de drôles de photograph­es.
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Une alouette s’envole et l’ombre d’une girafe se dessine au loin. Un jabiru s’ébroue dans les marais et trois jeunes chacals chassent un pauvre lézard.A gauche, une jeune hyène curieuse, vue d’ambiance depuis le toit ouvrant et la lumière du lever de soleil éclairant la crinière du roi de la savane.
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 ??  ?? La lionne Sienna et ses lionceaux, avec la blessure faite par un buffle. Lever de soleil et silhouette­s d’antilopes Cop Defassa.
La lionne Sienna et ses lionceaux, avec la blessure faite par un buffle. Lever de soleil et silhouette­s d’antilopes Cop Defassa.
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