L'Illustré

Verte ardente

BILLIE EILISH

- Texte: Marc David

Verte, Billie Eilish l’est jusqu’à la racine des cheveux. Sa coupe bicolore, vert fluo et noir de jais, assortie à quelques accessoire­s gothiques, à des chemises et pantalons baggys souvent dessinés par elle, soulignée par un regard las et une moue contrite, a contribué à poser un personnage vite idolâtré par la génération des millennial­s. «Il se passe avec elle ce qui est arrivé avec Nirvana en 1991», déclare

Dave Grohl, qui fut le batteur du légendaire groupe de grunge américain. La couleur verte ne se limite pas à sa coiffure. Il y a un an, avant que le méchant virus n’éteigne toute idée de spectacle, l’adolescent­e adulée avait annoncé, chez l’animateur Jimmy Fallon, que la tournée mondiale qu’elle projetait serait «aussi verte que possible». Qu’on en juge: végane elle-même, elle avait prévu de voyager avec un «éco-village» sur les étapes de son périple planétaire, pour parler des modes de vie moins polluants. Une décision dans la ligne des concerts qu’elle donne. Les pailles en plastique y sont interdites. Ses fans doivent apporter leur bouteille d’eau, qu’ils peuvent remplir sur place. Leur gourde leur sert de signe de reconnaiss­ance. Déterminée, elle accompagna cette décision d’une vidéo brûlante. Baptisé Our House is on Fire («notre maison est en feu»), ce clip, réalisé avec l’acteur Woody Harrelson, invitait son audience à réduire l’usage du plastique et la consommati­on de viandes et de laitages.

La chanteuse américaine de 18 ans, idole de toute une génération, est aussi une écologiste engagée. Elle en emplit ses chansons. Et s’habille en conséquenc­e.

Autre preuve de son engagement écologique, il suffit de tendre l’oreille à sa chanson All the Good Girls Go to Hell. Enduite de marée noire tel le démon de la pollution, elle y apparaît traversant une ville en flammes et entonnant: «Les collines californie­nnes s’embrasent / A mon tour de t’ignorer / Ne dis pas que je ne t’ai pas averti / Votre couverture est sur le point de lâcher / L’homme n’est qu’un imbécile / Pourquoi essayons-nous de le sauver? / Ils s’empoisonne­nt eux-mêmes maintenant / Et ils implorent notre aide, waouh!» L’impact est assuré, au diapason d’une trajectoir­e inouïe. Née le 18 décembre 2001 et partie à la conquête du monde avec son premier titre, Ocean Eyes, composé dans sa chambre en 2015, Billie Eilish Pirate Baird O’Connell, alias Billie Eilish, est issue d’une famille d’artistes. Ses parents sont comédiens, scénariste­s, musiciens. Son frère, Finneas O’Connell, chanteur du groupe The Slightlys, a contribué à l’album de sa soeur, When We All Fall Asleep, Where Do We Go?.

Torturée, parfois jusqu’au macabre, la jeune femme au sommeil perturbé évoque souvent ses cauchemars, qui se concrétise­nt dans la vraie vie. Ses engagement­s collent avec cette époque troublée, où l’angoisse de l’avenir règne. En 2018, elle figure avec le maire de Los Angeles dans une campagne demandant aux jeunes de voter. «Quand nous allons dans l’isoloir, il s’agit de décider qui dirigera l’Amérique dans le futur.» Donald Trump ne peut que la révulser. Cet été, lors de la convention démocrate, après avoir chanté son tube My Future, elle ne s’est pas privée de le condamner: «Il est en train de détruire notre pays et tout ce qui nous tient à coeur. Nous avons besoin de dirigeants qui résoudront des problèmes comme le changement climatique et le covid, et ne les nieront pas. Le silence n’est pas une option. La seule façon d’être certains de l’avenir est de le créer nousmêmes.» En novembre, elle votera pour la première fois de sa vie.

Collaborat­ion: Nadine Schrick

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 ?? ?? UN MESSAGE CLAIR La chanteuse de 18 ans, née à Los Angeles, ne se préoccupe pas seulement
du changement climatique dans ses chansons.
Elle utilise aussi les réseaux sociaux pour soutenir des associatio­ns comme Greenpeace et
Global Citizen.
UN MESSAGE CLAIR La chanteuse de 18 ans, née à Los Angeles, ne se préoccupe pas seulement du changement climatique dans ses chansons. Elle utilise aussi les réseaux sociaux pour soutenir des associatio­ns comme Greenpeace et Global Citizen.

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