Jeunesse junkie dans les années 1970 à Berlin-Ouest
Kai Hermann et Horst Rieck ont rencontré Christiane Felscherinow en 1978 alors qu’ils couvraient le procès d’un pédophile. Les deux journalistes allemands flairent illico que l’adolescente était «un sujet» d’article, voire de livre. En effet, l’histoire de Christiane F., droguée, prostituée, était emblématique de cette jeunesse hagarde et sans repères qui voulait simplement planer sur du David Bowie sans penser aux lendemains désenchantés. Un père violent, des parents divorcés, un beau-père avec lequel on ne s’entend pas, voilà le cocktail explosif qui poussa Christiane F. dans la rue. A 13 ans, la gamine devient accro à l’héroïne et se prostitue pour payer ses doses. Elle finit par se confier à sa mère, qui l’envoie se sevrer dans un centre de désintoxication, puis à la campagne chez sa grand-mère. La sortie de ce bouquin témoignage fait l’effet d’une bombe et devient à travers la planète une sorte d’étendard brandi par les adultes pour mettre en garde des générations d’ados contre les ravages de la drogue. Et que devient Christiane F., dans tout ça? Elle a aujourd’hui 58 ans, vit à Berlin, a connu des rechutes, dont une qui lui a valu la perte de la garde de son fils Philip, né en 1996, et s’étonne d’être encore en vie. La série est l’adaptation très réussie et esthétisante de l’opus sorti en 1979.
«Moi, Christiane F.», d’Annette Hess, avec Jana McKinnon, 8 épisodes, Amazon Prime