L'Illustré

Lise-Marie Morerod

Sur ses skis, elle fut le soleil d’une génération

- M. D.

L’accent des Ormonts en bandoulièr­e, le bonnet rouge se faufilant entre les piquets des slaloms, Lise-Marie «Boubou» Morerod fut le soleil sportif helvète des années 1970, jusqu’à devenir la première Suissesse à remporter le grand globe de la Coupe du monde, en 1977, à 21 ans, avec ceux du géant et du spécial. Elle s’en souvient avec cette gouaille qu’elle a gardée malgré les épreuves qui ont jalonné sa vie. «Le trophée était plus petit pour les femmes que pour les hommes. Je suis allée le dire à Serge Lang, le patron. Depuis 1978, ils ont la même taille.»

Elle est ainsi, Lise-Marie, authentiqu­e, avec une lumière dans la voix héritée d’une mère méditerran­éenne. Son sourire emplit L’illustré de l’époque, avec un récit à la Cosette. «A Vers-l’Eglise (VD), j’avais quatre frères et nous habitions une ferme isolée. Mon père faisait l’écurie à la chandelle. Mais c’était le bonheur. Après l’école, le gars du téléski m’attendait pour que je puisse rentrer.» Parfois, il l’oubliait. Elle finissait à pied, à skis, dans la forêt. «C’est ce qui m’a forgée…»

Elle a commencé avec les skis en bois, les fixations à lanières; en 1969, elle gagne les Championna­ts romands avec… 4 secondes d’avance. «J’ai été la première à oser taper dans les piquets. J’en avais les épaules bleues!» rit-elle. La préparatio­n du matériel était capitale: il fallait avoir un bon serviceman et elle avait le meilleur, Jean-Pierre Ansermoz. Puis tout s’embrouilla.

Un terrible accident de voiture en 1978, avec trois semaines de coma, la faucha. Elle tenta de revenir, sans succès. S’y greffèrent des soucis d’argent, «alors que j’aurais dû signer un contrat juste après l’accident. J’aurais touché 3000 francs à vie.» En 2000, elle est malade, sans le sou: des articles suscitent un élan de solidarité. Le conseiller fédéral Adolf Ogi ou le couple Erika Hess-Jacques Reymond se mobilisent. Après avoir travaillé dans un EMS, la championne est aujourd’hui retraitée. Mère d’un fils dont elle est très fière, elle vit à Leysin (VD). Et reste Lise-Marie, l’éclat d’une génération.

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simplement par son prénom.
Lorsqu’elle remporte le classement général de la Coupe du monde de ski en mars 1977, elle est si populaire que «L’illustré», qui la photograph­ie avec son père dans la ferme familiale, l’appelle tout simplement par son prénom.

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