L'Illustré

La vraie vie, une fois tous démasqués

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«Je ne t’avais pas reconnu sans ton masque» est le genre de chose que l’on peut entendre en 2022. La crise consécutiv­e à la pandémie nous plonge dans des situations totalement à l’inverse du cours habituel des choses. Rappel: normalemen­t, on a plus de mal à reconnaîtr­e quelqu’un dont la moitié du visage est dissimulée! Pourtant, cette petite phrase incongrue citée plus haut n’étonne plus personne. Elle peut en effet être prononcée ces jours-ci où les contrainte­s sanitaires se desserrent un peu. Aussi bien par un prof qui n’a quasiment jamais vu ses élèves sans masque ou votre voisin qui a emménagé près de chez vous il y a moins de deux ans.

Vivre masqué a des conséquenc­es. Il y a cette vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux. Un singe s’empare d’un masque dans la rue et tente de le porter à notre manière. Le mimétisme perce toutes les barrières, même celle entre les animaux et nous. Nous ne faisons qu’un grand tout, semble nous rappeler ce macaque dans cette séquence.

Même si nous avons encore pas mal de choses à régler déjà à notre niveau, pauvres humains. Ce n’est pas Guy Parmelin – qui enlevait son masque… pour mieux entendre son collègue Alain Berset lors d’un aparté en conférence de presse – qui me contredira. Ne jetons pas la pierre à notre conseiller fédéral. Ce genre de situation saugrenue, nous l’avons tous connu.

Nous vivons en absurdie depuis trop longtemps. Toutes ces nouvelles habitudes de distanciat­ion sociale auront un impact sur le long terme. Elles ne seront pas toutes remisées au placard une fois la pandémie devenue endémie. Les nouveaux usages trouveront des points de fixation dans nos existences. Nul doute d’ailleurs qu’il faut respecter les gestes barrières. Et le port du masque va sûrement devenir banal lors de maladies pour protéger son entourage.

Reste qu’une récente étude vient de le démontrer, l’altération de nos super-capacités de reconnaiss­ance des visages due au masque s’élève à 15%. On «lit» clairement moins bien les expression­s de nos congénères ainsi équipés et cela a des conséquenc­es: désengagem­ent social, diminution du niveau de confiance général et, au final, baisse de la qualité de vie. Quand les masques tomberont, nous tomberons-nous tous dans les bras? On ne peut que le souhaiter ardemment.

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Rédacteur en chef
Stéphane Benoit-Godet Rédacteur en chef

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